Pourquoi Beyoncé est (vraiment) la plus grande personnalité de l’année
Le magazine Time a choisi la chanteuse Beyoncé pour faire la Une de son numéro consacré aux 100 personnalités les plus influentes du monde. Comment en est-elle arrivée là ?
“Beyoncé ne se contente pas de s’asseoir à table, elle en fait construire une autre, en mieux” balance Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Facebook en attaque de l’article qu’elle a signé pour le Time consacrant la chanteuse.
En 1998, Beyoncé, 17 ans, membre star du groupe de RnB Destiny’s Child connaît son premier grand succès public avec le tube “No, no, no”. C’était il y a 16 ans. Le temps qu’il a fallu à l’autoproclamée “Queen B” pour régner sur la pop mondiale – le tout en gérant sa vie de couple et de mère avec le rappeur Jay-Z.
“En décembre, elle a pris le monde par surprise en sortant son nouvel album, avec tous les clips, en l’annonçant sur Facebook et Instagram” poursuit Sheryl Sandberg, avant d’ajouter : “Beyoncé a fait voler en éclat les règles de l’industrie musicale – et les ventes d’albums.” Un coup de maître qui lui vaut aujourd’hui cette reconnaissance de Time, mais aussi une façon pour elle de signifier au monde son affranchissement, en tant qu’artiste, mais surtout en tant que femme. “Je suis une grande femme désormais, je peux faire tout ce que je veux” chante Beyoncé sur le titre “Grown Woman”. Et ça marche.
Une artiste accomplie
Beyoncé a vendu près de 100 millions d’albums et 30 millions de singles, sans compter les 60 millions écoulés en tant que leader des Destiny’s Child. Un succès commercial et populaire incontesté, toujours accompagné d’une réelle reconnaissance critique (de ses pairs et de l’industrie). Avec ses quelques 17 récompenses au Grammy Awards, le magazine Billboard lui décerne le titre de chanteuse ayant eu le plus de succès entre 2000 et 2010 ainsi que celui d’artiste la plus diffusée en radio dans la même décennie.
Et celle qui a chanté l’hymne américain lors du discours d’investiture d’Obama en janvier dernier n’a pas non plus peur, notamment depuis son album “4” (2011), de s’aventurer en dehors des sentiers battus.
Dans “Beyonce”, il n’y a aucun vrai tube. Pas de “Crazy in Love” ou de “Single Ladies”, mais 14 titres – longs, complexes, plus léchés que jamais – faisant davantage écho à un R’n’B intello à la The Weeknd qu’aux sons formatés pour dance floors de Rihanna ou Katy Perry.
10 ans après “Crazy in Love” le tube qui a propulsé son couple avec Jay-Z au firmament du glamour, place à “Drunk in love”. Un titre de cinq minutes où la diva originaire de Houston s’essaie à un passage presque rappé, et ce sans faire tache ni potiche face à un Jay-Z particulièrement en forme sur son couplet.
Un sens du business inné
La façon dont Beyoncé a sorti son cinquième album éponyme – pas de promo, pas de date mais une sortie à la surprise générale de son disque avec tous les clips accompagnant chaque titre – répond autant aux besoins du public qu’il fait écho à sa musique. Le format est révolutionnaire, libéré du schéma de diffusion traditionnel, et témoigne de son affranchissement. En une semaine 1 million exemplaires ont été écoulés, classant ainsi le “visual album” numéro 1 des ventes ITunes dans plus de 100 pays.
Tout ce que contient cet album avait été esquissé dans “4”, son précédent opus sorti en juin 2011. Celle qui, depuis son plus jeune âge (elle a 12 ans lors de la formation des Destiny’s Child), est poussée par son père producteur et manager Matthew Knowles, rompt avec ce dernier peu avant la sortie du disque.
Elle décide alors de gérer sa carrière elle-même, et de faire les choses à sa façon. Moins de promo, une cadence réduite et aussi une volonté de ne plus se soumettre au diktat du format radio : 3 minutes de hooks et de bridges, cutées et percutantes comme il faut pour satisfaire l’attention déficitaire des digital addicts.
Quand toutes les autres divas pop enchaînent les hits et les albums comme les it bags (Rihanna a sorti 7 albums en sept ans), elle décide d’aller à rebours. Comme elle le dit sur “Partition”: “Radio say speed it up/ I just go slower” (Les radios disent d’aller plus vite, je vais juste plus lentement).
Un modèle pour les femmes
Le jour de la sortie surprise, une image fait le tour d’internet et des réseaux sociaux : on y voit Beyoncé en Christ, le doigt levé, tout puissant, avec une phrase de commentaire “Chicks be like : Thanks B for waking me up and giving me life” (Les filles sont là genre : Merci B pour m’avoir réveillée et rendue à la vie). Car s’il y a bien une chanteuse de filles, et de femmes, c’est Beyoncé. C’est elle que Michelle Obama choisit pour parler aux jeunes filles américaines. C’est la même que l’on découvre aussi hyper sexualisée dans ses clips, et dans ses paroles “Let me sit this ass on you” (Laisse-moi asseoir mes fesses sur toi) sur “Rocket”.
Pourtant, c’est elle qui fait parler l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie de féminisme sur “Flawless” : “We say to girls : You can have ambition, but not too much” (On dit aux filles : tu as peux avoir de l’ambition, mais pas trop). Le tout en professant son désormais célèbre “Bow down bitches” (inclinez vous, salopes). Et surtout elle qui, presque mièvre, clame l’amour pour sa fille sur”Blue”. L’album devait s’appeler “Mrs Carter”, du nom de son mari Jay-Z, il s’appelle “Beyoncé”.
Alors qu’y comprendre ? Simplement qu’elle essaie de montrer que pouvoir et sexualité sont aujourd’hui conciliables avec maternité et entraide féminine.
La preuve ultime de son acceptation en tant que femme : le clip de « Yoncé ». On découvre la chanteuse, au même plan que les trois mannequins métisses les plus belles du moment – les stars Jourdann Dunn, Chanel Imman et Joan Smalls (du jamais-vu dans l’histoire des divas pop). Beyoncé n’a plus peur de rien.
>
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.