Republicans: The (Dreadful) June Surprise

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Les comparaisons internationales sont parfois périlleuses, mais ce mardi soir, à l’annonce des résultats des primaires républicaines de l’Etat de Virginie, l’humeur des décideurs républicains devait rappeler celle du gratin de l’UMP après la vague bleu marine des Européennes. Là s’arrêtent les comparaisons. La montée de l’extrême droite était prévisible en France. En revanche, l’exécution politique de Eric Cantor, numéro deux de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, par un candidat quasi inconnu du Tea Party, lors de primaires réputées gagnées d’avance, semble avoir provoqué un véritable affolement dans l’establishment de Washington. Ce désastre augure une crise politique majeure à l’approche des élections parlementaires de mi-mandat de novembre 2014.

Eric Cantor, en quelque sept mandatures au Congrès, n’a pourtant jamais caché sa nature profondément conservatrice, au point d’obtenir une note parfaite de l’association anti avortement « Right to Life ». Mais ses fonctions dans la haute hiérarchie républicaine l’ont naturellement contraint à des compromis occasionnels avec la minorité démocrate de la Chambre. Comme Boehner, président de la Chambre, le numéro 2 a fini par promouvoir, contre l’avis des plus enragés de son parti le vote d’un relèvement du plafond de la dette et le retour au travail de 800 000 fonctionnaires fédéraux après le blocage du gouvernement fédéral. Plus récemment, ses malheurs électoraux s’expliquent par son soutien à une version républicaine de la réforme de l’immigration proposée par Barack Obama. L’idée de fournir une voie légale vers la citoyenneté américaine à une partie des 12 millions d’immigrés clandestins, pour beaucoup installés aux Etats-Unis depuis des décennies, a semblé insupportable à la frange Tea Party.

Dave Brat, un prof d’économie d’un collège universitaire de Virginie, littéralement inconnu, a axé sa campagne miséreuse sur la prétendue mollesse d’Eric Cantor en matière d’immigration. Le Tea Party lui-même, sans renier le candidat, croyait si peu à ses chances qu’il n’avait pas même jugé bon d’organiser son financement électoral. Brat a ainsi été élu avec un budget de moins de 200 000 dollars équivalent aux seules dépenses de restaurant de son altier adversaire. La clé de cette victoire qui secoue le parti républicain se trouve sans aucun doute plus dans ce détail que dans les arguments idéologiques : « Les dollars ne votent pas, a lancé Brat mardi soir à ses partisans. C’est vous qui votez ! ». Le rejet du système électoral, des quelques 7 milliards de fonds privés engloutis dans les campagnes présidentielles et parlementaires de 2012, la fureur contre une classe politique déconnectée de son électorat ont certainement contribué à la victoire sidérante de Dave Brat , reclus maintenant depuis plusieurs jours pour digérer le choc de son élection. Le Tea Party est-il pour autant une force électorale montante, ou simplement l’expression d’électeurs ulcérés par le microcosme Washingtonien ? L’establishment républicain, tenté par la surenchère à droite dans l’espoir de contenter sa « base » militante proche du Tea Party, pourrait tirer les mauvaises conclusions du séisme de Virginie, et affoler ainsi l’électorat centriste à l’automne 2014.

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