Là-bas les espoirs, ici les crises…
En ce XXIe siècle qui démarre, plusieurs éléments semblaient condamner le Proche et le Moyen-Orient à jouer un rôle marginal dans le concert des nations : le désengagement des États-Unis en Irak et en Afghanistan, qui signifiait la fin du projet du Grand Moyen-Orient, et le retour à une politique moins ambitieuse, plus pragmatique et surtout moins coûteuse ; l’exploitation nouvelle du gaz de schiste qui rendait la première puissance mondiale moins dépendante énergétiquement des pays du Golfe, et donc moins disposée à sécuriser à tout prix les voies de transport, et cette phrase prononcée par Barack Obama au début de son premier mandat et qui désignait au monde entier le nouveau centre du monde : « Je veux être le président du Pacifique. » Ainsi, tous les regards se sont portés vers l’Est, promesse de croissance et, par conséquent, de forte consommation. Si la vieille Europe n’a pas suivi ce bouleversement et n’apparaît donc plus, aujourd’hui, comme l’épicentre du monde, quel est alors le devenir de ce Proche-Orient, autrefois carrefour des civilisations – les plus pessimistes allant jusqu’à lui prédire un destin à l’africaine ?
Mais, à deux reprises, l’actualité s’est employée à démontrer la fragilité de cette thèse. Le printemps arabe, d’abord, et la vague d’optimisme qu’il a provoquée : les peuples arabes ont investi les rues pour réclamer leurs droits contre des régimes oppressifs et, avec des moyens de communication inédits pour eux, les Égyptiens, Tunisiens, Syriens et autres ont offert au monde l’image d’une jeunesse maîtrisant parfaitement les codes de la modernité et susceptible d’y participer activement. La région ayant le taux le plus élevé de bilinguisme au monde devenait en quelques mois le symbole de ce début de siècle. Ensuite, et surtout, cette actualité qui ne ménage rien ni personne est venue rappeler au mauvais souvenir des uns et des autres à quel point cette région demeure le plus grand foyer de crises et de tensions à l’échelle planétaire. Une bien triste distinction difficile à détrôner : la Syrie, l’Irak, le nucléaire iranien, le Yémen, l’Égypte, l’Afghanistan et enfin l’idéal type conflit israélo-palestinien pour le seul début d’été 2014.
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