MURS DE FEU – La Californie combat ses incendies grâce à des prisonniers sous-payés
Quinze mille personnes sont mobilisées chaque été pour combattre le feu en Californie, des hommes confrontés à l’extrême chaleur des zones enflammées, chargés de 45 kilos de matériel, mobilisés sur le terrain vingt-quatre heures durant, sans interruption. Parmi eux, quatre mille ont un statut particulier, et ne gagnent que 2 dollars par jour (1,5 euro), bien loin des 34 dollars (25 euros) de l’heure que gagne un pompier en moyenne en Californie.
Le site américain Vox, qui reprend un reportage du site KQED, jeudi 31 juillet, se penche sur le cas des détenus “employés” par l’Etat californien dans sa lutte contre les incendies, alors que neuf cents d’entre eux viennent d’être mobilisés pendant deux semaines dans le nord de l’Etat. Tous se sont engagés dans un programme nommé “Conservation Camps” au sein duquel ils combattent les flammes mais sont aussi amenés à construire des digues face aux inondations ou plus généralement à participer à des actions sociales. Un programme qui permettrait à la Californie d’économiser plus de 100 millions de dollars par an, d’après KQED.
Interrogé par Vox, John Roman, membre de l’Urban Institute’s Justice Policy Center, un think tank qui évalue les politiques de sécurité publique américaines, juge “risible” de voir les détenus placés “si loin sous le seuil de pauvreté”. D’autant que l’argument de la formation ainsi gagnée paraît incertain : “Combattre un feu de forêt n’est pas vraiment un emploi, cela n’offre pas de perspectives de carrière” et n’améliore pas le niveau d’éducation général des détenus. Selon le gouvernement californien, seuls 3 à 7 % des détenus ayant fait partie des “Conservation Camps” trouvent ensuite un emploi dans la lutte contre les incendies lors de leur sortie de prison.
Aucun chiffre ne permet de juger de l’effet du programme sur les taux de récidive. Les autorités ont simplement l’impression que l’“on retrouve moins souvent ces mecs derrière les barreaux que les autres”. S’il reconnaît qu’une telle expérience a plus de valeur pour les détenus qu’un séjour en prison, John Roman s’interroge : “Est-ce que les gens qui dépendent de l’Etat doivent occuper des emplois dans lesquels ils risquent leur vie ?”
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