Why Will Obama Succeed with Iran?

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Ce n’est qu’avec l’Iran, dont l’invasion de l’Irak sous G.W. Bush a par inadvertance favorisé la situation stratégique, que les États-Unis peuvent contenir les forces centripètes en Irak contre la menace djihadiste.

La menace islamiste en Irak redonne aux enjeux de paix et de guerre qui accueillirent l’avènement de Barack Obama une acuité et une urgence inquiétantes. Et elle interroge le sens de cette présidence démocrate si prometteuse.

Le complet échec du président américain sur le confit israélo-palestinien et l’attention réservée aux équilibres futurs en Asie-Pacifique avaient comme relégué le Moyen-Orient au second rang des priorités. La maladroite sortie sur la “ligne rouge” syrienne (l’usage d’armes chimiques contre les civils) appuya le sentiment d’une impuissance américaine dans la région, tandis que la crise ukrainienne redonnait aux questions transatlantiques un relief aussi soudain que regrettable.

Les progrès de l’État islamique à Bagdad rendent aujourd’hui très palpables le spectre d’un démembrement et de l’instabilité dans la poudrière régionale, où se chevauchent des lignes de front stratégiques et confessionnelles. Les deux acteurs principaux sont l’Iran et l’Arabie saoudite, auxquels s’ajoute Israël, dont l’influence à Washington exacerbe le paradoxe de la situation ; l’allié saoudien est en pleine contradiction avec les intérêts américains tandis que l’ennemi iranien est au contraire en phase, Arabie et Israël se rejoignant momentanément sur leur obsession anti-iranienne ; l’Arabie craint une sphère d’influence perse, Israël se préoccupe de l’arme nucléaire dont il veut être le possesseur régional exclusif. Toute la question pour le président américain est de défaire ce nœud gordien, et de renverser un ordre des choses qui ne sert plus les intérêts des États-Unis depuis que fut scellée l’alliance américano-saoudienne (1945) et que se resserrèrent les liens israélo-américains à la faveur de la paix de Camp David (1977).

L’humiliant échec d’Obama lorsqu’il pointa du doigt la colonisation israélienne en Palestine a fait perdre tout espoir de refondation de la politique américaine au Moyen-Orient, puisque l’alliance dite inconditionnelle entre Israël et les États-Unis obère une résolution plus large des tensions régionales, comme le plan saoudien l’avait par exemple proposé en 2002. La seule négociation sur le programme nucléaire iranien, qui concentre les efforts du président Obama, n’est pas une alternative suffisante pour faire émerger une stratégie américaine qui ne soit pas fragmentée et contradictoire.

Les États-Unis manquent de cohérence ; soutenir l’Irak est favorable au régime syrien et à l’Iran dont l’Amérique combat l’influence, mais dont elle partage l’intérêt à ce que soit ménagée la minorité sunnite irakienne pour favoriser la stabilité dans le pays contre les djihadistes de l’État islamique et les autres, soutenus par les alliés saoudien et qatarien, qui combattent l’influence chiite dans la région. L’écheveau est indémêlable. 
 


Plus largement, au moment où l’on célèbre le centenaire de la guerre de 1914, ce sont les accords Sykes-Picot de 1916 et le partage des territoires ottomans au Proche et au Moyen-Orient qu’il faut avoir en tête pour comprendre le désordre actuel, et la possibilité d’un éclatement de l’Irak. Contre cette éventualité, les États-Unis sont impuissants. Ce n’est qu’avec l’Iran, dont l’invasion de l’Irak sous G.W. Bush a par inadvertance favorisé la situation stratégique, qu’ils peuvent contenir les forces centripètes en Irak contre la menace djihadiste. D’autant que les Kurdes veulent être libres et que la Syrie n’est pas davantage assurée de demeurer dans ses frontières issues de la Première Guerre mondiale.

Barack Obama a voulu sortir l’Amérique de l’alternative habituelle dans les milieux washingtoniens entre les courants néoconservateurs d’un côté et les libéraux idéalistes de l’autre, qui aboutit à un interventionnisme néfaste, pour des motifs parfois opposés. Obama a bien compris combien cette alternative coûtait au leadership américain. Mesure et réalisme sans renier les grands principes de la coopération internationale sont la source de sa réflexion.

Parce qu’il ne parvient pas à en tirer une politique efficace, il est perçu comme indécis, maladroit ou distant sur des dossiers pourtant brûlants, et préférant se concentrer sur l’Asie-Pacifique – où les haines régionales font obstacle au dessein américain. Ses efforts vis-à-vis de l’Iran marquent pourtant une rupture spectaculaire. C’est là, plus qu’en Asie peut-être, qu’il laissera sa marque. L’Europe a intérêt à ce qu’il réussisse.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-106326-pourquoi-obama-reussira-par-liran-1025893.php?IuMD3sgp7mJ9Xqlz.99

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