In the Face of Multiplying Crises

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Face à la multiplication des crises

Frédéric Koller

Dans le grand chambardement international actuel, l’extravagance nord-coréenne est presque de nature à nous rassurer. Lundi, Pyongyang menaçait une nouvelle fois Washington d’une attaque nucléaire en représailles aux manœuvres navales menées par les Etats-Unis et la Corée du Sud. Voilà des années que la dynastie des Kim promet à ses ennemis le feu atomique sans qu’elle ne dispose toutefois de la capacité de le faire. De la pure rhétorique. On est là en terrain connu, l’un des derniers héritages de la Guerre froide.

Partout ailleurs, cet été, la multiplication des crises a par contre de quoi inquiéter. Les guerres civiles font rage ou menacent en Irak, en Syrie, en Libye, en Ukraine, en Afghanistan, en Centrafrique, au Soudan, etc.; la césure entre la Russie, d’une part, et l’Europe et les Etats-Unis, d’autre part, s’amplifie; le conflit israélo-palestinien s’envenime; la course aux armements prend de l’ampleur en Asie de l’Est et du Sud.

La planète paraît de plus en plus instable, inflammable. Il est aisé dans ce grand désordre d’élaborer des scénarios de nouvelle déflagration – d’autant que l’on commémore ces jours-ci le centenaire de la Première Guerre mondiale. S’il peut être utile de se représenter le pire, encore faut-il ne pas laisser s’installer dans nos têtes l’inéluctabilité d’une telle éventualité, ce qui serait encore le plus sûr moyen d’en prendre le chemin.

Dans un monde de plus en plus complexe – fruit en grande partie d’un rééquilibrage économique que l’on peut mettre sur le compte des bienfaits du progrès –, les grilles de lecture sont difficiles à appliquer sur ces nouvelles réalités. Le religieux demeure un puissant facteur de division. Les conséquences du colonialisme continuent d’empoisonner les pays arabes et africains. Comme hier, on se bat pour l’accès aux ressources et la justice sociale.

Mais le principal clivage de ce début de siècle, de nature idéologique, est celui qui oppose encore et toujours les démocrates aux pouvoirs autoritaires. Les Européens qui hésitent entre Washington et Moscou (voire Pékin) devraient s’en souvenir. Surtout au moment où les Etats-Unis sont gouvernés par une administration qui a renoncé à l’illusion d’un monde unipolaire.

Le partenariat transatlantique a été mis à mal par l’espionnite aiguë des renseignements américains. C’est une relation exigeante, qui ne peut être exclusive et nécessite un constant esprit critique. Mais elle est aujourd’hui le meilleur garant de la paix.

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