From Colin Powell to the Christians of Iraq

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De Colin Powel aux chrétiens d’Irak

Effet boomerang. Les frappes américaines qui ont lieu actuellement au nord de l’Irak sont destinées à sauver les chrétiens de ce pays. Des chrétiens qui sont menacés par des «islamistes». Des chrétiens qui vivent depuis des millénaires dans cette région. Pourquoi brusquement ils sont la cible d’agresseurs?

Il était une fois l’Irak…Avant 2003, vivait en paix une population multiconfessionnelle en Irak. Musulmans (chiites et sunnites), chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes), Yézidis (religion monothéiste pratiquée par des Kurdes), Mandéens (religion dont l’origine divise les chercheurs). Tous ces peuples pratiquaient leur religion en bonne entente.

C’était avant que le président américain, Bush fils, ne décide, en accord avec la Grande-Bretagne, d’envahir l’Irak. Sans mandat de l’ONU mais avec des mensonges pour justifier l’intervention. Colin Powell, le secrétaire d’Etat américain qui fut chargé de cette besogne, démissionne une année après et se retire de la vie politique. A l’époque, l’opinion internationale avait été «formatée» autour de l’idée qu’il fallait mettre fin à la dictature de Saddam Hussein au pouvoir depuis…1968. C’est ainsi que Saddam fut vaincu et pendu un jour de l’Aïd El Kebir en 2006.

Aujourd’hui, la réalité est indiscutable. Les Irakiens, toutes confessions religieuses et ethniques confondues, doivent regretter amèrement l’invasion américaine. Elle a détruit le pays et divisé sa population. Alors, lorsque le président Obama dit, dans son dernier discours de vendredi dernier, avant d’annoncer les frappes, que la solution ne peut venir que des Irakiens (réconciliés) et demande un gouvernement d’union nationale, on le voit prendre la trajectoire inverse de son prédécesseur.

On sent aussi le poids sur ses épaules du désastre laissé en héritage par Bush. Des centaines de milliers de morts parmi les civils irakiens. Des dizaines de milliers de victimes entre morts et blessés parmi les militaires américains. Plus de 60 milliards de dollars perdus par les Etats-Unis dans cette invasion. Sans compter les centaines de milliards de dollars de destructions causées à l’Irak. C’est le triste bilan laissé par les Américains après leur retrait, décidé par Obama, en 2011 (année de début du fameux printemps arabe). C’est d’ailleurs pour cette raison que le président Obama ne veut plus entendre parler d’intervention militaire au sol. En Irak comme ailleurs.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius qui était hier à Baghdad, a raison, lui aussi, d’appeler les Irakiens à l’unité pour «mener la bataille du terrorisme». Il est malheureusement le dernier des observateurs à n’avoir pas vu venir dès 2003 le calvaire que vivent les chrétiens d’Irak. L’idée dominante était que les «islamistes» ne s’en prenaient qu’aux musulmans. Ce qui était en partie vrai. Sauf qu’après en avoir fini avec les musulmans, l’agenda du terrorisme comprend ensuite les chrétiens. Les deux religions du Livre étant ciblées de la même manière avec une différence programmatique et chronologique.

Le président français de l’époque, Jacques Chirac, l’avait tellement bien compris qu’il s’était formellement opposé à l’invasion. Une invasion à laquelle ont fini par participer pas moins de 34 pays tout de même. Même des pays arabes. Obama n’a pas fixé de délais pour les frappes. Il a reconnu que «cela prendra du temps». La France et l’Angleterre ont promis de l’aider. Aides humanitaires et bombardements vont alterner. Sauf que, non loin de là, la population de Ghaza est, elle aussi massacrée chaque jour depuis un mois par un Etat terroriste. Les dirigeants occidentaux ont la solidarité humaine sélective. Ils font encore la différence entre un enfant tué à Ghaza et au nord de l’Irak. Ils sont toujours dans l’erreur de 2003!

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