Washington’s Sly Game in Gaza

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L’agression d’Israël contre la bande de Ghaza entre dans son deuxième mois sans que le «monde» et singulièrement ceux qui détiennent la puissance n’interviennent pour mettre le holà à ce qui s’apparente à des crimes contre l’humanité, si ce n’est carrément un ethnocide. Cela au grand jour et au su d’un monde qui n’en peut mais… Si ladite «communauté internationale» n’arrive pas à se déterminer face aux crimes d’Israël contre la population palestinienne (plus de 300 enfants entre 1 et 12 ans – des terroristes? – ont été tués par l’armée israélienne depuis le 8 juillet dernier) c’est bien parce qu’elle s’est interdit de mettre l’Etat hébreu en difficulté quels que soient les forfaits qu’il commet contre les Palestiniens. Certes, on déplore la mort des enfants palestiniens, mais Israël n’est jamais condamné. Bien sûr, «Uncle Sam», pourrait encore vous l’affirmer, la main sur le coeur, «Israël a le droit de se défendre». Même contre les bébés? C’est sans doute la seule oraison funèbre que les Etats-Unis accordent aux morts de Ghaza face aux méfaits de son protégé israélien. C’est tellement vrai que le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui annonçait, vendredi dernier, un accord de cessez-le-feu de 72 heures (trêve rompue unilatéralement par Israël) ajoutait curieusement qu’Israël «continuerait des opérations derrière ses lignes» définies durant le conflit concédant aux Palestiniens qu’ils «pourront recevoir de l’aide alimentaire, médicale et humanitaire supplémentaire, et s’occuper de leurs blessés». Décodée, cette «trêve», selon le chef de la diplomatie US, devait surtout permettre à Israël de poursuivre son «nettoyage», et ne concernait que le Hamas qui devait faire taire ses roquettes. En fait, traitant les résistants ghazaouis de «barbares», le président américain, Barack Obama, fit porter au seul Hamas tous les malheurs dont souffre le monde. Tuer des enfants, voire des bébés et des femmes, n’est certes pas «barbare» du point de vue américain, dès lors que c’est du fait d’Israël qui, selon la rhétorique US, «a le droit à la sécurité». Mais ce n’est là qu’un détail, si l’on excipe de tout ce que font les Etats-Unis, militairement, financièrement, diplomatiquement et politiquement pour Israël, sous la pression des lobbies pro-israéliens, véritables maîtres à penser de la politique moyen-orientale américaine. En fait, les rapports imbriqués et ambigus entre les Etats-Unis et Israël – qui font que Washington mène une politique étrangère qui nuit gravement aux intérêts américains – sont uniques dans les annales de la diplomatie quand le pouvoir américain s’efface face à la puissance des lobbies pro-israéliens. Les Etats-Unis sont allés jusqu’à mettre en danger leur propre sécurité et celle des leurs alliés par un incompréhensible soutien à un Etat terroriste, qui ne respecte aucun droit, ne se conforme à aucune règle ou loi y compris celle qui lui donna jour (la résolution 181, II du 29 novembre 1947). De 1976 à 2004, les Etats-Unis ont alloué à Israël – sous formes économique, militaire, financière – 140 milliards de dollars, outre l’aide annuelle directe évaluée à 3 milliards de dollars, ce qui représente le cinquième de l’aide américaine à l’étranger. Plus, les Etats-Unis ont contribué techniquement et financièrement (plus de 700 millions de dollars) à la mise au point du système «Iron Dome» israélien. De fait, analystes et politologues ne s’expliquent pas le «niveau remarquable» du soutien matériel et diplomatique que Washington fournit à Israël. A titre d’exemple, depuis le massacre de Sabra et Chatila en 1982 au Liban, les États-Unis ont mis leur veto à 32 résolutions du Conseil de sécurité, condamnant Israël, soit plus que tous les veto exprimés par les autres membres permanents du Conseil de sécurité. Comment comprendre qu’un Etat mette l’intérêt d’un autre Etat avant le sien? Surtout quand cet Etat (les Etats-Unis) sait les dérives fascistes d’Israël, son imputation dans le blocage du processus de paix, ses oukases. Tout cela transparaissait dans les propos peu amènes (tenus à huis clos) de John Kerry, qui déclarait – devant un parterre de diplomates de la Commission trilatérale – Israël «risque de devenir un Etat d’apartheid» s’il ne fait pas la paix rapidement. Propos tenus le 25 avril dernier après l’échec du processus de paix suite à la suspension des négociations par Israël pour lesquelles le chef de la diplomatie US avait fourni de gros efforts pour les réactiver. Voilà comment Israël récompense le seul pays qui le porte à bout de bras depuis 67 ans! Alors, quel jeu joue Washington au Proche-Orient?

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