Will Obama Stop Being the Blind Optimist?

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Treize ans après le 11 Septembre, le président des États-Unis est contraint de repartir en guerre contre les djihadistes. Mais sa réussite semble incertaine.

Par MICHEL COLOMÈS

Est-ce, comme le dit BHL, parce qu’il est obsédé par le prix Nobel de la paix qui lui avait été accordé alors qu’il venait à peine de rentrer à la Maison-Blanche ? Est-ce parce qu’il est le plus isolationniste des présidents américains qu’on ait connus depuis le Roosevelt d’avant Pearl Harbor ? Est-ce encore parce qu’il a décidé de prendre l’exact contre-pied de son prédécesseur qui avait entraîné l’Amérique dans des conflits en Afghanistan et en Irak qui sont loin d’avoir été des succès ? Jusqu’alors, Barack Obama désespérait même les plus pacifistes des démocrates américains dans sa réticence à accepter le rôle et les responsabilités qui accompagnent la fonction de président de la nation la plus puissante du monde.

Aussi devrait-on se réjouir de l’allocution martiale et solennelle, faite la veille de l’anniversaire du 11 Septembre, dans laquelle Obama se déclare décidé à frapper les forces djihadistes “où qu’elles soient pour affaiblir et détruire l’État islamiste”. Donc avec des frappes aériennes aussi bien sur les djihadistes qui combattent en Irak que sur ceux qui, en Syrie, mènent la lutte contre Bachar el-Assad. Mais ces opérations, précise le président américain, seront essentiellement différentes de celles menées par Bush en Afghanistan et en Irak, parce qu’en dehors d’un renfort de 475 “conseillers” militaires – venant s’ajouter aux 800 déjà présents à Bagdad ou dans le Kurdistan -, les États-Unis n’enverront aucune troupe au sol.

“Moindre danger”

Cette nouvelle posture de chef de guerre, décidé mais prudent, serait de nature à rassurer les alliés européens de l’Amérique, qui vont être plus ou moins sollicités pour ce nouveau combat, si certains détails récents ou plus anciens ne faisaient douter de la détermination du président américain.

D’abord parce qu’il y a à peine plus d’un an, Obama avait entraîné François Hollande, après la découverte de l’usage d’armes chimiques en Syrie, dans la préparation de frappes aériennes contre les troupes de Bachar el-Assad, qui n’ont jamais eu lieu parce que le président américain s’était au tout dernier moment retranché derrière la nécessité d’une consultation du Congrès. Étrangement, cette fois-ci, il affirme qu’il n’a nul besoin d’un vote des parlementaires américains pour déclencher des bombardements contre les forces djihadistes.

Fin août encore, alors que David Cameron lui rappelait “l’imminente menace que l’islamisme extrémiste faisait peser sur les pays européens”, Obama avait reconnu “ne pas avoir de stratégie” face aux djihadistes. Il avait même, dans un dîner destiné à recueillir des fonds dans le comté de Westchester, fait quelques remarques qui en disent long sur un certain égoïsme américain : “C’est vrai, avait-il dit, que le Moyen-Orient est préoccupant, mais cela fait un moment que cela dure… et je peux vous assurer que le danger est bien moindre aujourd’hui pour le peuple américain qu’il l’était il y a vingt ou vingt-cinq ans.”

“Détruire”, c’est faire la guerre

Enfin, quelle que soit la détermination affichée de Barack Obama, à force de tergiverser, notamment au moment où a éclaté le conflit en Syrie, l’objectif de “détruire” le califat islamiste semble difficile sinon impossible à atteindre. Détruire, cela veut dire neutraliser des dizaines de milliers de combattants en Irak comme en Syrie. Cela signifie les empêcher de se regrouper dans une autre région, comme leurs complices du Mali l’ont fait, après leur défaite devant les troupes françaises, en investissant une zone de non-droit complet dans le sud-ouest de la Libye. Cela veut dire aussi pourchasser, arrêter, condamner les milliers d’Européens (et d’Américains d’ailleurs), qui avec des passeports occidentaux feront peser une menace permanente sur les pays démocratiques s’ils sont contraints de fuir.

“Détruire”, cela veut dire surtout faire la guerre, et pas seulement des frappes aériennes. On voit bien qu’Obama compte, pour cela, sur les forces irakiennes entraînées et reconstituées et sur les armées des émirats, de Jordanie ou d’Arabie saoudite. On peut douter que cet assemblage hétéroclite de troupes, qui n’ont pas l’habitude de combattre ensemble et appartiennent à des pays rivaux, de confessions religieuses différentes, constitue une force de frappe suffisante pour éradiquer le mal djihadiste. “Affaiblir” l’État islamiste, comme l’a prudemment indiqué Obama dans un premier temps, sans doute. Le “détruire” comme il l’a promis, c’est beaucoup plus douteux.

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