Le changement de ton est brutal. Le 7 août, Barack Obama, avait annoncé des « frappes limitées » contre des positions de l’Etat islamique pour protéger les personnels américains présents en Irak à Erbil et à Bagdad et prévenir un « génocide » (dont aurait été victime la communauté yazidi). Un mois plus tard, mercredi 10 septembre le président a officiellement engagé les États-Unis dans un conflit certainement durable, qui a pour objectif ambitieux la destruction du mouvement djihadiste.
Élu en 2008 sur la promesse de mettre fin à l’engagement américain en Irak, M. Obama, six ans plus tard, est contraint de revenir sur ses pas. Il doit se résigner à s’engager dans la mêlée politico-confessionnelle irakienne dont l’issue n’est rien moins que certaine, à renvoyer des troupes sur le terrain (il a annoncé 475 hommes supplémentaires en Irak mercredi soir), même si la mission de ces dernières n’est pas de combattre en première ligne mais d’encadrer et de renforcer les troupes dont disposent Bagdad et le Kurdistan irakien, et enfin à s’impliquer en dehors du théâtre irakien.
REVIREMENT SUR LA SYRIE
« Nous traquerons les terroristes qui menacent notre pays, où qu’ils soient (…) nous n’hésiterons pas à agir contre l’Etat islamique en Syrie, comme en Irak », a martelé le président, précisant que les djihadistes ne pourront compter sur aucun « refuge ».
M. Obama a exclu toute coopération avec Bachar Al-Assad en Syrie (« un régime qui terrorise son peuple et qui ne regagnera jamais la légitimité perdue ») et annoncé son objectif de renforcer l’opposition face aux djihadistes « tout en recherchant une solution politique pour régler la crise syrienne une fois pour toutes ». Il s’agit d’un autre revirement de la part du président américain qui avait exprimé, à de multiples reprises, ses doutes sur la capacité de l’opposition dite modérée à pouvoir s’imposer prise en étau entre les forces du régime Assad et celle de l’Etat islamique.
LES BASES D’UN ACCORD BIPARTISAN
M. Obama a pris le plus de distance possible avec « la guerre contre le terrorisme » de son prédécesseur, George W. Bush, alors que la menace, en cette veille d’anniversaire du 11-Septembre, est perçue de manière similaire par l’opinion publique américaine, ce qui explique le soutien apporté aux frappes (150, a précisé mercredi le président), décidées jusqu’à présent en Irak. La stratégie poursuivie, a-t-il indiqué, est similaire « à celle que nous avons poursuivie avec succès au Yémen et en Somalie pendant des années », en dépit des interrogations que peut précisément alimenter cette revendication de succès.
Critiqué pour « diriger depuis l’arrière », notamment lors de l’offensive contre le régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, M. Obama a décrit en quoi consistait le « leadership » des États-Unis dans ce conflit : se tenir auprès de ceux qui se battent pour leur liberté et rallier les autres nations sur la base de la sécurité et de valeurs humaines communes.
Alors que la Maison Blanche a préparé ces derniers jours les esprits à une lutte de longue haleine quantifiable en années, le président a ajouté avoir déjà jeté les bases d’un accord bipartisan avec les républicains « pour montrer au monde que les Américains sont unis pour s’attaquer à ce danger ». Et qu’accessoirement qu’il ne servirait à rien d’attendre la fin de sa présidence, dans deux ans, pour espérer un revirement américain.
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