Derrière la coalition que met en place Barack Obama pour lutter contre l’Etat islamique, la nouvelle hydre djihadiste, il y a les déclarations d’intention et puis, il y a les actes. Le président américain n’a pas dû ferrailler pour susciter l’adhésion de ses alliés traditionnels aux premières. Il n’est pas sûr qu’il en ira de même pour appliquer les seconds. Dans la foulée du sommet de l’Otan au Pays de Galles la semaine dernière, Royaume-Uni, France, Allemagne, Turquie, Canada, Italie, Pologne, Danemark et Australie ont fait part de leur disponibilité à participer à la coalition. La Belgique n’a pas rallié immédiatement le groupe, la faute au gouvernement en affaires courantes, mais aurait, depuis, marqué son intérêt. La diplomatie américaine tente surtout de convaincre les puissances de la région de contribuer à l’effort : Arabie saoudite, Irak, Jordanie, Egypte, Turquie sont l’objet cette semaine des sollicitudes du secrétaire d’Etat John Kerry.
Le risque est qu’au-delà de la prise de conscience de la menace de l’Etat islamique, enfin réelle semble-t-il en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis il y a peu encore soupçonnés de financer les groupes djihadistes, les Etats-Unis ne se retrouvent pas seuls au moment de traduire en actions concrètes la stratégie que Barack Obama doit présenter ce mercredi. L’administration américaine annonce “une nouvelle phase plus offensive que les frappes” que l’armée opère depuis un peu plus d’un mois. Au-delà du “purement militaire” pour lequel l’appui du Royaume-Uni et de la France semble acquis, il s’agit de s’adjoindre le concours des pays voisins de l’Irak et de la Syrie pour tarir les sources de financement de l’Etat islamique, en luttant notamment contre la revente du pétrole exploité dans les régions sous son contrôle, et mettre un frein à l’afflux de djihadistes arabes, européens, africains.
Des déclarations d’intention aux actes, la stratégie de lutte contre l’Etat islamique pose au moins quatre questions.
Le gouvernement irakien, nouvellement installé mardi, posera-t-il les jalons d’une véritable réconciliation avec la minorité sunnite qui appuie peu ou prou les djihadistes ? Les alliés sunnites des Etats-Unis seront-ils pleinement engagés dans la stratégie anti-djihadiste au point de tourner le dos à leur traditionnelle politique pro- islamiste ? Les Etats-Unis peuvent-ils ignorer, pour cause de différends idéologiques, le rôle que la Russie, l’Iran, voire la Syrie pourraient jouer dans ce combat ? La coalition évitera-t-elle un bourbier face à des fondamentalistes, riches en dollars et en armes comme jamais, pour lesquels le temps n’a pas le même effet d’usure que pour les démocraties (l’OTAN prévoit trois ans de guerre, annonce ce mercredi Le Canard enchaîné) ?
A l’aune de ces enjeux, il n’est pas hasardeux de penser que Barack Obama joue, sur ce dossier, la réussite de sa fin de mandat avec l’impact qu”elle peut avoir sur l’avenir des Démocrates aux Etats-Unis et la crédibilité de sa présidence au plan international.
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