Sleepless Nights at the White House

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Nuits blanches à la Maison-Blanche

Le 19 septembre, vers 19h20, Omar Gonzalez, un vétéran de la guerre en Irak, escalade l’imposante clôture qui entoure la Maison-Blanche.

Gonzalez n’est pas méchant. Juste un peu fêlé. Le pauvre bougre veut informer le président Obama que l’atmosphère va «s’écrouler».

Sitôt franchie la clôture, Gonzalez se met à courir en direction de la Maison-Blanche. Mais le vétéran a subi plusieurs opérations à un pied. Il n’a rien d’une gazelle. Devant les agents surentraînés qui gardent les lieux, il ne fait pas le poids.

Sans compter que les gardiens de la Maison-Blanche se targuent de posséder une arme secrète : la brigade canine, une escouade de bergers belges, choisis pour leur «intelligence exceptionnelle». Surnommés les «missiles canins», ces chiens ont la réputation de pouvoir renverser n’importe quoi. Même un buffle.

Les probabilités qu’Omar Gonzalez leur échappe ne semblent pas dépasser celles de récupérer une aiguille dans une botte de foin, avec des gants de boxe, après avoir réalisé que l’étrange ballon de football que vous venez de déchirer d’un coup de pied est en fait un énorme nid de guêpes.

Contre toute attente, Gonzalez atteint pourtant le portique nord de la Maison-Blanche, après une course d’environ 70 mètres. Un exploit jugé tellement improbable, que personne n’a jugé bon de verrouiller la porte!

Le vétéran Gonzalez entre dans l’immeuble le mieux gardé des États-Unis avec autant de facilité qu’un missile de croisière lancé contre une forteresse de beurre.

À l’intérieur, le système d’alarme a été désactivé par l’équipe de majordomes! Ces messieurs trouvaient qu’il faisait trop de bruit!

Gonzalez poursuit sa course folle. Il sera maîtrisé bien plus tard, à l’étage, par un agent qui passait par hasard, après avoir fini son quart de travail.

À la blague, on raconte que Gonzalez a eu le temps de signer trois projets de loi et de se faire photographier avec le président du Burundi.

Mais au final, même la brigade canine se couvre de ridicule. Malgré le fla-fla sur les «missiles canins», les agents n’ont pas osé les utiliser.

Parce qu’ils risquaient d’infliger des blessures graves à Gonzalez, croyez-vous? Non. On craignait que dans le feu de l’action, les superchiens n’arrivent pas à distinguer l’intrus et les agents secrets en civil!

Plus absurde que cela, il y a peut-être l’entraîneur John McKay, qui dirigeait les Buccaneers de Tampa Bay, lors d’une désastreuse saison sans victoire, en 1976.

L’équipe n’arrivait pas à exécuter les jeux prévus. Un jour, après un match horrible, les journalistes avaient demandé à McKay ce qu’il pensait de l’exécution de son équipe.

– J’y suis favorable, avait-il répondu.

Au début, la direction des services secrets a tenté de minimiser l’affaire. Elle répétait que Gonzalez avait été arrêté juste après avoir franchi la porte.

Après quelques jours, des employés furieux ont coulé des détails de l’histoire. Des agents ont parlé des réductions catastrophiques de personnel. D’autres incidents embarrassants ont été dévoilés. À la fin, la directrice des services secrets a été contrainte de démissionner.

«Pas grave, s’est moqué l’animateur Jimmy Fallon. Connaissant l’hospitalité des services secrets, Madame peut revenir quand elle voudra. La porte est toujours ouverte…»

Très drôle. Sauf que des fois, on se demande ce qui est le plus inquiétant. Les mensonges officiels ou la réalité?

Un ancien chef de cabinet, Leon Panetta, a raconté qu’un jour, très tôt le matin, un agent secret de la Maison-Blanche l’avait réveillé pour lui annoncer qu’un avion s’était écrasé, juste à côté.

Un gros avion? s’écrie Panetta.

– Non, c’est un petit avion. Il s’est écrasé contre un arbre, sur la pelouse de la Maison-Blanche et je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de dommages, explique l’agent.

Est-ce une attaque terroriste? demande Panetta.

L’agent n’a pas de détails. Au bout d’un moment, il dépose le combiné, pour aller vérifier quelque chose. Puis il revient en disant : «Selon CNN, tout va bien…»

L’agent secret, qui se trouvait à la Maison-Blanche, s’en remettait à la télé pour savoir ce qui se passait… à la Maison-Blanche!

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