En interdisant l’importation de foie gras sur le sol californien, Monsieur Schwarzenegger a pris une décision totalement utopique et d’une hypocrisie sans nom. Le sénateur de la Californie a une vision totalement biaisée du gavage d’oie et de canard.
Producteur de foie gras depuis 40 ans, je ne pense pas faire du mal aux animaux, comme il peut le sous-entendre. Je n’ai absolument rien à me reprocher.
C’est très américain de critiquer notre manière de faire, surtout quand on sait qu’eux marquent au fer rouge leurs vaches et que cela ne semble pas les déranger.
13 jours de gavage seulement
Il ne faut pas croire tout ce que les médias disent, car nous obéissons bien à une réglementation très stricte. Aujourd’hui, les cages individuelles – qui consistent à enfermer l’animal de façon à ce qu’il ne puisse pas bouger – sont strictement interdites. Et c’est tant mieux.
Pour que les choses soient bien claires, voilà comment je procède.
Les animaux sont élevés à l’air libre, dans des prairies pendant près de quatre mois. Puis, pendant 13 jours seulement – et non toute leur vie comme certains le prétendent –, je réalise le gavage. Les bêtes sont alors parquées dans des cages collectives pouvant accueillir entre 5 et 10 animaux. Je vous assure qu’elles peuvent déplacer.
Chaque matin et chaque soir, je les gave de maïs ou de farine de maïs. Les bêtes ne souffrent pas.
La réalité n’est pas si rude
C’est une pratique qui existait déjà sous la Rome antique et qui fait partie de notre savoir-faire. Tous les ans, je reçois beaucoup de touristes américains curieux de savoir comment nous faisons ce produit typiquement français. Quand ils voient la réalité, ils s’étonnent toujours et ne comprennent pas pourquoi le gavage a si mauvaise réputation chez eux.
Il est vrai que l’image du gavage que l’on retient, c’est celle de ces bêtes que l’on maintient dans des cages microscopiques avec un gavoir enfoncé dans leur gueule. Je me suis toujours opposé à ces pratiques barbares. Les gens font souvent l’amalgame, et pourtant il n’y a aucune raison de pointer du doigt ainsi l’ensemble des producteurs.
Le gavage est nécessaire. Il ne permet pas seulement de faire du foie gras, mais aussi de vendre des magrets de canards, ou de la graisse de canard, très appréciée dans notre région. Les Américains se priveront-ils de magrets ? J’en doute.
Les Américains raffolent du foie gras
Dans ma région du Sud-Ouest, Périgord-Dordogne, la gastronomie est à l’honneur. Elle est inscrite dans notre histoire, dans notre terroir, et il est certain que le foie gras y tient une place de choix.
Quand des touristes américains viennent chez nous, leur premier réflexe est de vouloir tester notre gastronomie en allant dans les grandes tables de la région. Et je peux vous assurer qu’ils goûtent, sans aucun état d’âme, un petit toast de foie gras quand ils viennent visiter mon exploitation.
Alors pourquoi l’interdire en Californie ? “Pour ne pas faire souffrir des animaux” n’est pas un argument solide. Si on s’en tient à leur raisonnement, comment devrait-on expliquer l’interdiction de certains fromages (roquefort, mimolette) ? Il n’y a aucune logique dans leurs décisions.
Je pense qu’il ne s’agit absolument pas d’une guerre idéologique, mais plutôt d’une bataille économique et politique.
Et les OGM ?
Cette décision est totalement contradictoire avec les habitudes alimentaires de nos amis d’outre-Atlantique. Pensent-ils vraiment que manger des OGM, des viandes aux hormones de croissance ou encore des produits bourrés d’additifs est meilleur pour la santé ?
Le foie gras, lui, n’est pas nocif pour la santé.
Les Américains préfèrent se gaver de graisses transformées et chimiques, plutôt que de profiter de ce que la nature nous offre. Il est dommage que la santé d’un peuple aille droit dans le mur pour des raisons purement politiques.
Je suis fier de mon travail
Le foie gras interdit en Californie : gaver mes bêtes ne fait pas de moi un tortionnaire
LE PLUS. La décision est prise : le foie gras restera interdit en Californie. La Cour suprême des États-Unis a autorisé le maintien de cette interdiction, déjà en vigueur depuis 2012. L’argument avancé : refuser la commercialisation des aliments “issus de cruauté exercée à l’encontre d’animaux”. Alain Delvert, producteur de foie gras depuis 40 ans, trouve la démarche hypocrite.
Je suis fier de mon métier car il me permet de créer du travail pour au moins deux personnes et je crois que nous avons une tradition à maintenir.
J’exporte mon foie gras, mais exclusivement en Europe, cette interdiction n’a donc aucun impact économique sur ma production. Je ne pense pas que cet événement aura des répercussions à l’échelle des producteurs locaux.
Je ne sais pas comment ça se passe en Californie, mais ici, dans le Périgord, nous sommes fiers de savoir cuisiner des produits sains dès notre plus jeune âge. Les Américains peuvent-ils seulement en dire de même ?
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