How the NSA Is Harming American Businesses

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Aberkane : comment la NSA nuit aux entreprises… américaines

Le Point – Publié le 14/10/2014 à 06:03

Par IDRISS J. ABERKANE

Le plus gros marché intérieur du monde est en Chine. Pas question d’importer des technologies espionnées par les États-Unis. Qui vont perdre la bataille !

Dans sa toute dernière interview donnée dans le cadre du New York Film Festival samedi 11 octobre, Edward Snowden a été très clair : laissez tomber Dropbox, préférez SpiderOak, quittez Facebook et Google, Duckduckgo est plus sûr.

Dans le jeu de la mondialisation, celui qui a le plus gros marché intérieur l’emporte. Sous Clinton, les USA promouvaient la mondialisation, mais aujourd’hui deux marchés sont plus importants que les États-Unis : l’Union européenne et la Chine. L’Europe ? Comme disait Kissinger : “Si je veux appeler l’Europe, je fais quel numéro ?” Reste la Chine, qui protège son marché intérieur et sous-évalue sa monnaie. Réponse d’Apple : une division “Chine”…

En 2001, Pékin entre à l’OMC. La même année les États-Unis adoptent le Patriot Act : la NSA peut perquisitionner les datacenters américains partout dans le monde, en violation du droit international. La Stasi avait pour devise “nous devons tout savoir”, comme la NSA aujourd’hui, qui est devenue ce qu’elle voulait combattre : la Nstasi ! Elle aurait dû se souvenir de ce que disait Martin Luther King : “L’ombre ne peut chasser l’ombre, seule la lumière le peut.”

Pékin choisit Linux !

Les entreprises perquisitionnées ont interdiction de l’évoquer. Mais, concrètement, l’Agence peut pénétrer n’importe quelle machine sous OSX, iOS, Windows, Android, etc. Pas besoin d’effraction : il existe des backdoors qui permettent un accès direct. Sans même parler du nano-espionnage sur hardware. En décembre 2013, Der Spiegel révèle ainsi l’existence d’un catalogue de moyens d’espionnage de la NSA, le “ANT catalog”, et qu’une unité de la NSA, appelée TAO, peut intercepter physiquement des colis de livraison d’ordinateur pour y implanter du nano-matériel ou y fabriquer des failles logiciel sur mesure.

D’où le vif intérêt de Pékin pour Linux, l’OS le plus indépendant vis-à-vis de la NSA aujourd’hui. La gendarmerie et la police française ont d’ailleurs adopté Ubuntu (la version la plus démocratique de Linux), amélioré par la gendarmerie sous le nom de GendBuntu en 2001. D’une façon fascinante, la page Wikipedia de GendBuntu n’existe encore qu’en français, anglais et chinois ! Et pour cause : GendBuntu a fait l’objet d’une étude de cas complète de la part de Pékin. Ajoutez le rôle que Facebook et Twitter peuvent prendre dans un soulèvement et vous comprendrez la psychose du Politburo. Résultat, les entreprises américaines perdent le plus gros marché du monde, et la mondialisation avec.

L’éthique, selon Google

C’est l’histoire de Google en Chine. Quand Mountain View rentre de Pékin, la Harvard Business School salue l’éthique de la firme qui a vaillamment refusé de danser avec le diable… Mais que s’est-il vraiment passé ? Pékin a fait un marché : tu veux t’installer en Chine? Alors tu nous garantis l’inviolabilité absolue des données chinoises. Google acquiesce. Retour à la maison, où la NSA émet des réserves : No way ! Google retourne à Pékin : Cao ni ma ! (je laisse les sinisants traduire). Aujourd’hui, le marché des moteurs de recherche a été donné par la Chine à Baidu, une entreprise qui aurait pu être américaine n’eussent été les lois anti-immigrations passées sous Bush fils. Quant à la belle leçon d’éthique de Google… Eric Schmidt est parti prospecter en Corée du Nord moins d’un an plus tard !

Au fond, la Chine n’a qu’une politique : la souveraineté totale. Elle offre le marché de Facebook à RenRen, de Twitter à Weibo, de Google à Baidu… De même, la Russie a Vkontakte et Yandex. Quant aux parts de marché d’IBM en Chine, elles ont fondu depuis l’affaire Snowden.

Charles Pasqua a dit un jour “la démocratie s’arrête là où commence la raison d’État”. Et si c’était plutôt aux États de servir les peuples et pas l’inverse. Aujourd’hui, la NStasi coule les entreprises américaines à l’export, avec l’argent du contribuable. C’est stupide et en totale violation des droits de l’homme [1] la NStasi fiche nos névroses, nos fantasmes, nos faiblesses, elle peut publier nos sextos les plus compromettants, les fuites de Snowden sont claires à ce sujet. L’Agence doit revenir du bon côté de la Force. Dwight Eisenhower l’avait bien compris : “Le problème de la défense, c’est jusqu’où vous pouvez aller sans détruire de l’intérieur ce que vous essayez de défendre de l’extérieur.”

[1] Article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : “Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.”

(1) “Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.”Article 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

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