Aucune victime à déplorer à la bataille de Wichita, Kansas
Le débat touchait à sa fin lorsque son modérateur, le journaliste Darren Dedo, a demandé ingénument à Greg Orman, 45 ans, et à Pat Roberts, 78 ans, d’avoir un mot aimable l’un envers l’autre. Le premier a loué le caractère de gentleman, l’humour et le passé militaire, assez ancien, du sénateur sortant qui de son côté, après un temps d’hésitation, l’a félicité pour la coupe de son costume.
Un studio de télévision de Wichita, ville du sud du Kansas, accueillait mercredi soir le seul débat des Etats-Unis opposant un candidat indépendant au Sénat, le mieux mis des deux, à un républicain, le sortant, moins élégant. Le retrait en septembre du candidat démocrate désigné au terme de la primaire de son parti est la cause de ce cas de figure qui complique le pari des républicains de prendre le contrôle du Sénat.
On peut comprendre l’état d’esprit de Pat Roberts, décrit aimablement au cours des échanges comme un élu fossilisé, après près d’un demi-siècle de présence à Washington à des fonctions différentes, et responsable pour moitié des blocages du pays, l’autre moitié revenant au Parti démocrate. Le sénateur a répliqué en dégainant l’arme républicaine de cette saison électorale, Barack Obama, dont Greg Orman serait un allié dissimulé, et agité Ebola, les cartels de la drogue mexicains et l’Etat islamique menaçant les Etats-Unis comme autant d’oripeaux d’Halloween qu”une frontière sûre” saurait contenir.Son adversaire, dans un Etat particulièrement conservateur, n’a pas tergiversé sur deux sujets de société sensibles, en se déclarant favorable à l’avortement et à un contrôle minimum pour la vente d’armes à feu, ajoutant qu’il en possédait deux, contrairement à son adversaire qui jouit pourtant du soutien du puissant lobby, la National Rifle Association.
Le débat d’une heure, diffusé par la chaîne KSN, a été également propice à une bataille numérique par Twitter interposé, chacun des deux camps revendiquant la victoire au terme des échanges. Aura-t-il fait bouger les lignes ? Les sondages qui donnent pour l’instant une légère avance à l’indépendant devraient vite répondre à cette question.
Venant saluer les journalistes qui avaient assisté à distance au débat dans une salle voisine du studio, le sénateur sortant a poursuivi de sa vindicte son adversaire, homme d’affaires accompli, assimilé à un ploutocrate. Devant le même auditoire, quelques instants auparavant, l’intéressé avait choisi de faire l’économie de phrases assassines en assurant préférer “s’attaquer aux problèmes plutôt qu’aux personnes”. La formule sentait la peinture fraîche des préparatifs aux joutes électorales.
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