Barack Obama: Election Outcast

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Les démocrates, minoritaires à la Chambre des représentants, pourraient perdre le contrôle du Sénat le 4 novembre prochain. Un vote sanction contre un président en mal de popularité

Pour Barack Obama, les élections de mi-mandat du 4 novembre prochain ne se présentent pas sous les meilleurs auspices. Les sièges des 435 élus de la Chambre des représentants et ceux de 36 des 100 sénateurs sont en jeu. «Mathématiquement, la situation est très défavorable aux démocrates, relève par vidéoconférence de Washington James Hohmann, journaliste politique auprès du média Politico. La plupart des sénateurs démocrates qui doivent se faire réélire ont été élus en 2008, deux mois après le début de la crise financière. Plusieurs d’entre eux ont été élus dans des Etats où ils ne devraient généralement pas gagner, l’Alaska ou la Louisiane.»

Hormis des batailles serrées pour des postes de gouverneurs, l’enjeu essentiel du 4 novembre s’articule autour du basculement possible du Sénat dans le camp républicain, le contrôle de la Chambre des représentants étant largement hors de portée des démocrates. Il suffit au Grand Vieux Parti de conquérir six sièges de sénateurs pour dominer les deux chambres du Congrès.

En campagne électorale dimanche dans le Maryland et lundi à Chicago, le président américain a malgré tout tenté de mobiliser l’électorat démocrate, car l’issue du scrutin pourrait avoir un impact considérable sur ses deux dernières années à la Maison-Blanche. Mais dans plusieurs Etats, Barack Obama est un quasi-paria en raison de sa faible cote de popularité. Au sein de l’électorat blanc de Louisiane par exemple, seuls 17% des électeurs disent le soutenir dans un Etat où la population noire représente 40% du total. Les élus démocrates sortants confrontés à une réélection difficile ne souhaitent pas voir le président faire campagne à leurs côtés. Dans le Kentucky, la démocrate Alison Lundergan Grimes, opposée au ­leader républicain du Sénat Mitch McConnell, refuse de dire si elle a voté pour Barack Obama lors des présidentielles de 2008 et 2012.

Dans l’idéal, Barack Obama aurait aimé pouvoir inciter les démocrates à axer leur message sur l’embellie économique et sur la nécessité d’augmenter le salaire minimum. Mais les crises internationales n’ont cessé de l’accaparer. Invasion de la Crimée par la Russie, décapitation de journalistes américains, avancée spectaculaire du groupe djihadiste de l’Etat islamique et l’épidémie d’Ebola. «Pour les électeurs, ces élections de mi-mandat sont les élections du chaos, explique le journaliste James Hohmann. Ils ont l’impression que le pays va dans la mauvaise direction et veulent faire payer les élus qui en sont responsables.»

Le sentiment des Américains est paradoxal. Le taux de chômage (5,9%) n’a plus été aussi bas depuis juillet 2008. Face à une économie mondiale qui ralentit, les Etats-Unis tirent plutôt leur épingle du jeu après avoir dû surmonter la pire crise économique depuis les années 1930. Mais les salaires stagnent ou régressent et de nombreux citoyens quittent le marché du travail ou ne parviennent pas à obtenir un emploi à plein-temps.

Les élections de mi-mandat s’annoncent d’autant plus ardues pour les démocrates qu’elles ont tendance à mobiliser surtout les Blancs, les plus âgés et les plus conservateurs. Y aura-t-il une «October surprise», un événement de dernière minute susceptible de faire basculer une élection? Même si généralement la politique étrangère n’intervient que marginalement dans ce type de scrutin, difficile d’évaluer quelles seront les répercussions de l’épidémie d’Ebola ou les conquêtes de l’organisation de l’Etat islamique en Irak et en Syrie.

Le journaliste James Hohmann met toutefois en garde. Même une conquête du Sénat par les républicains ne va pas changer radicalement la donne, car il paraît peu probable qu’ils détiennent 60 sièges sur 100 pour éviter le mécanisme de blocage (flibuste) que les démocrates pourraient utiliser. «Barack Obama va peut-être coopérer avec les républicains pour soigner son bilan, notamment pour essayer de faire passer un accord majeur sur l’immigration, poursuit James Hoh­mann. Mais cela dépendra des républicains encore englués dans une sorte de guerre civile. Une chose est sûre: en contrôlant le Sénat, les républicains vont sans doute forcer la Maison-Blanche à négocier sur le budget.»

Le scrutin du 4 novembre livrera aussi quelques indications sur la présidentielle de 2016. Un succès républicain dans moins de deux semaines pourrait s’avérer une victoire à la Pyrrhus. En refusant toute réforme globale de l’immigration et en se concentrant sur leur électorat traditionnel, les républicains ont négligé un électorat majeur pour une présidentielle: les Hispaniques.

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