America Says: Bye Bye, Obama!

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États-Unis : bye-bye, Obama !

Conséquence de sa défaite sévère aux élections de mi-mandat : un président contraint de cohabiter avec ses adversaires et boudé par son propre camp.

Il reste à peu près 730 jours avant l’élection présidentielle américaine. Une éternité quand on a perdu la plupart de ses leviers pour gouverner, que les deux chambres législatives ont des majorités d’opposition et que le parti qui vous a fait élire vous a déjà abandonné pour regarder avec les yeux de Chimène celle qui aspire à vous succéder : Hillary Clinton. Bref, Barack Obama a virtuellement perdu le pouvoir et perdu la main.

Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder ce qui s’est passé depuis deux mois quand les candidats démocrates au Sénat ou à la Chambre des représentants faisaient campagne pour se faire élire ou réélire. Bien peu d’entre eux ont souhaité que Barack Obama vienne les soutenir, puisqu’il n’a été invité que dans une trentaine de meetings. Et dans des États où le Parti démocrate ne risquait a priori pas grand-chose. Dans le même temps, Hillary Clinton était réclamée là où le scrutin promettait d’être serré, tels l’Iowa, le New Hampshire, la Floride ou la Caroline du Nord. Elle a fait ainsi 42 apparitions. Et Bill, son mari, véritable rock star du parti, encore plus, puisqu’il a présidé 53 réunions en 54 jours.

Vue de France, cette désaffection pour Obama paraît presque injuste. Certes, c’est un président faiblard et velléitaire. Particulièrement en politique étrangère. Il n’a brillé ni dans la crise ukrainienne pour arrêter Poutine ni dans la réponse à apporter à Bachar el-Assad lorsqu’il a utilisé les armes chimiques contre son propre peuple, et encore moins pour empêcher les djihadistes de l’État islamique de devenir une menace pour tous les pays stables de la région. Même si, en décidant en fin de semaine de renforcer de 1 500 hommes le contingent des “conseillers militaires” en Irak, il semble tardivement prendre conscience du danger.

Inégalités

En revanche, sur le plan économique, en comparaison de beaucoup de pays, particulièrement en Europe, les États-Unis ont redécollé : une croissance en hausse significative, une Bourse qui se porte au mieux, un taux de chômage en baisse constante. L’Amérique donne le sentiment d’être repartie à un rythme soutenu. Pourtant, tous les journaux outre-Atlantique le soulignent : la principale raison de la victoire des républicains, c’est que les Américains n’ont pas l’impression que leur pays a le vent en poupe, comme c’était le cas du temps de Ronald Reagan ou de Bill Clinton. Les revenus moyens ne progressent plus, ou fort peu. Ce sont les plus aisés qui ont profité de la reprise. Et pour la classe moyenne, sans même parler des laissés-pour-compte, le pessimisme sur l’avenir est de mise et, avec lui, le rêve américain a disparu : pour deux tiers des électeurs, leurs enfants vivront moins bien qu’eux-mêmes. D’après un sondage à la sortie des urnes, 45 % des électeurs ont cité l’économie comme la principale préoccupation qui avait guidé leur choix. Bien avant l’immigration, la réforme du système de santé, le contrôle des armes, ou la politique étrangère qui n’a compté que pour 13 % dans la décision des citoyens.

Le problème pour Obama est que dans les deux ans qui lui restent d’ici à la fin de son mandat, il y a peu de chances qu’il parvienne à donner à ses concitoyens l’optimisme qu’il n’a pas réussi à leur inspirer quand il avait les mains libres. En effet, il va maintenant devoir vivre en cohabitation avec un Congrès hostile qui lui présentera des lois sur lesquelles il sera tenté d’exercer le droit de veto que lui donne la Constitution. Autant dire que l’Amérique risque de faire du sur-place jusqu’en novembre 2016.

À moins que les républicains ne calculent que mettre le pays sur le mode pause pendant deux ans pourrait être le plus beau cadeau qu’ils puissent faire à Hillary Clinton. Il est douteux que le désamour manifesté par les électeurs à Barack Obama soit un ralliement à un camp républicain pas totalement débarrassé des excès populistes des adeptes du Tea Party. Accepter pour la nouvelle majorité de coopérer avec la Maison-Blanche pourrait s’avérer tactiquement habile. C’est la seule chance d’Obama de terminer son mandat mieux qu’attendu.

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