The Last Ambition of Barack Obama

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Il ne lui reste rien, ou presque. Après sa dure défaite lors des élections de mi-mandat, qui ont vu le Sénat basculer à son tour -et dans les grandes largeurs- du côté des républicains, Barack Obama a tout le loisir de réfléchir à sa stratégie de sortie. Sur le plan intérieur, le voilà bloqué, caricaturé dans la posture du “lame duck”, le fameux “canard boiteux”, formule qui désigne sans pitié un élu qui se contente d’occuper son siège en attendant le jour fixé pour l’arrivée de son successeur.

Il est contraint de s’installer dans une position défensive, en soi un combat, pour conserver les quelques réformes qu’il a réussi à imposer; tout au plus peut-il rêver de consolider ce qu’il a accompli afin de ne pas voir son empreinte complètement effacée. Il ne reviendra pas sur la mesure emblématique qui concerne la couverture médicale des plus démunis, l’Obamacare.

Mais, pour sauver son bilan, il devra composer avec les deux chambres du Congrès, dominées par les républicains, ce qu’il n’a pas su faire jusqu’ici -y compris avec les congressmen démocrates. Surtout, il a perdu le soutien de l’opinion publique, irrémédiablement critique à son endroit, et fait figure d’épouvantail à électeurs au sein de son propre camp démocrate, alors que les perspectives de croissance sont favorables, que le déficit public a substantiellement diminué (il est désormais inférieur à 3% du PIB), que le chômage a reculé et que l’économie américaine donne des signes tangibles d’amélioration (sur lesquels compte toute l’Europe).

Une élite washingtonienne trop coupée du peuple

Peu importe, il existe une sorte de fatalité en politique : Obama demeure l’homme élu après la tempête des subprimes et la crise financière globale que les Etats-Unis ont généreusement fait partager au monde entier. A ce titre, les Américains lui reprochent d’être globalement plus pauvres aujourd’hui qu’avant sa première élection, en 2008, fatalitas… Facteur essentiel, cette sensation de fracture irréductible, associée au rejet d’une élite washingtonienne trop coupée du peuple, a permis aux républicains, désespérément populistes et dépourvus du moindre projet, de transformer les élections au Sénat en un référendum contre un Barack Obama qu’il faut absolument mettre à terre en guise de programme.

Il ne lui reste rien, sauf le champ de la politique étrangère, où il a également tant déçu, sur lequel le prix Nobel de la paix 2009 pourrait imaginer une sorte de baroud d’honneur. Mais dans quelle partie du monde ? L’exemple de Bill Clinton, qui s’impliqua, après une défaite électorale majeure, dans le processus de paix israélo-palestinien, vient évidemment à l’esprit. Sauf que l’Amérique se trouve aujourd’hui dans un schéma inversé : c’est de guerre qu’il s’agit bien plus que de paix -laquelle est carrément introuvable de toutes parts.

L’opinion américaine s’est, à vrai dire, spectaculairement retournée au sujet de l’Irak, passant de l’approbation du retrait des troupes américaines, amorcé par George W. Bush et mis en oeuvre par son successeur, à l’indignation soulevée par la passivité des Etats-Unis face à la percée des djihadistes de Daech. Il est néanmoins difficile d’envisager qu’une plus ample implication des Etats-Unis au Moyen-Orient rencontre une large approbation ; la tendance à l’isolationnisme se révèle très forte parmi les républicains, en particulier au sein de la mouvance du Tea Party.

Cette donnée vient s’ajouter à la confrontation directe avec la Russie au sujet de l’Ukraine, qui est, en revanche, fortement soutenue par la majorité écrasante du camp républicain. De quoi rendre risquée une initiative internationale d’ampleur, lors même que la ligne suivie par Barack Obama est devenue illisible au fil des événements. On peut donc s’attendre pour les deux ans qui viennent à un objectif très modeste : instaurer de la clarté dans la stratégie, ce qui serait déjà un progrès, ou une dernière ambition. Et non des moindres…

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