Barack Obama: The CIA Has ‘Tarnished’ the Image of America

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Barack Obama : la CIA a «terni» l’image de l’Amérique

Fruit de trois ans d’enquête, un rapport fait la lumière sur le programme secret utilisé pour interroger des militants présumés d’al-Qaida après le 11 Septembre. Le président américain a sévèrement commenté les méthodes employées par l’agence.

Mardi, Dianne Feinstein, présidente de la puissante commission du renseignement du Sénat, a brandi un énorme pavé face aux journalistes et à la nation américaine, en direct à la télévision. Le document de 400 pages, présenté par la sénatrice – qui s’appuie sur 6000 pages de rapport toujours classifiées, elles-mêmes nourries de l’examen de près de 6,4 millions de documents internes à la CIA et à l’Administration – rend publiques les conclusions de plus de cinq années d’enquête du Sénat sur l’utilisation de la torture par l’agence centrale de renseignement américaine, après le 11 Septembre.

«Une vérité laide», a dit Feinstein avec beaucoup de gravité, avant d’exposer avec un luxe de détails impressionnants, pendant plus d’une heure, les méthodes d’une brutalité dérangeante utilisées par l’agence dans le cadre de son programme de «techniques poussées». Simulations de noyade, privations de sommeil 24 heures sur 24, mise à nu des détenus qui étaient parfois emmenés cagoule sur la tête dans des couloirs sales où ils étaient roués de coups. Utilisation de chiens dans les cellules pour arracher des confessions à des dizaines de détenus, soupçonnés d’entreprises terroristes, après les attentats contre les tours du World Trade Center et l’attaque contre le Pentagone. Feinstein n’a pas ménagé la précédente Administration et la CIA.

Des méthodes sans aucune efficacité

De plus, elle a affirmé, accusation dévastatrice, que le «programme d’interrogatoires poussés» n’avait démontré aucune efficacité en matière d’obtention d’informations cruciales, et qu’il avait désinformé le président Bush, le ministère de la Justice et le Congrès sur ce qui se passait. C’était un moment grave et saisissant pour la démocratie américaine. Une confession documentée lancée à la face du monde par une nation nourrie de traditions puritaines, qui croit à la morale et au perfectionnement de ses mécanismes.

À travers le monde, une Administration Obama sur le qui-vive avait demandé aux commandants militaires américains de «se mettre en état d’alerte avancée». Mardi, Dianne Feinstein a reconnu les risques de ce grand déballage pour l’image de l’Amérique. «J’ai beaucoup réfléchi sur l’opportunité de publier ce rapport, certains l’utiliseront pour justifier le mal. Mais l’histoire nous jugera. Notre volonté de faire face à la vérité la plus laide n’enlèvera pas la tache laissée… mais elle montre que nous sommes prêts à dire: jamais plus», a-t-elle dit.

Le soutien de Barack Obama

À l’exception du sénateur John McCain, qui a fait l’expérience de la torture au Vietnam, les républicains du Congrès étaient opposés à ce grand déballage, invoquant les risques d’embrasement à l’étranger. Ils s’inquiètent aussi des conséquences pour ceux qui ont aidé, comme la Pologne, et qui pourraient hésiter par la suite à coopérer. Beaucoup contestent aussi l’idée d’une CIA qui aurait outrepassé ses prérogatives et agi à l’insu du pouvoir. Ce lundi, l’ancien vice-président Dick Cheney a défendu l’efficacité du programme avec ardeur et rappelé qu’il avait été fait en étroite coopération avec la présidence et le ministère de la Justice. Certains anciens de l’agence notent avec une ironie mêlée d’amertume que le Comité du renseignement du Congrès en fait beaucoup alors qu’il avait approuvé le programme. Loin d’être une opération sauvage de la CIA, l’arsenal de méthodes utilisées a été mis en place avec l’aval du ministère de la Justice, de la présidence et des élus, argumentait au Figaro au printemps le principal avocat de la CIA, John Rizzo.

Malgré les conséquences potentielles que les révélations du rapport pourraient avoir pour la sécurité des ambassades, Barack Obama a soutenu la publication du rapport. Dans un communiqué, il a dénoncé mardi des méthodes «contraires» aux valeurs des États-Unis. «Ces techniques ont fortement terni la réputation de l’Amérique dans le monde», estime-t-il.

Et pourtant, Obama semble en réalité partagé, lui aussi. Cet été, il avait appelé son pays à ne pas être «trop moralisateur» sur le passé, défendant avec force ses espions. La Maison-Blanche a aussi contribué à expurger une partie du rapport. Au fond, le président est déchiré entre sa conviction très américaine de la valeur éducative du mea culpa de l’Amérique et les exigences de la réalité d’un pouvoir nécessairement plus cynique et moins regardant.

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