Iran, le pari d’Obama
Les négociations sur le programme nucléaire iranien sont prolongées de sept mois
Le lien n’est pas rompu. Les négociations sur le programme nucléaire iranien vont se poursuivre. Les grandes puissances engagées depuis un an dans des discussions extrêmement complexes avec Téhéran ont décidé de reporter au 30 juin 2015 la date butoir initialement fixée à hier. L’enjeu de l’accord est important : les Occidentaux s’engageraient à lever leurs sanctions économiques contre l’Iran en échange de la mise en place de mécanismes de contrôle draconiens de son programme nucléaire. Ces derniers jours, les délégations ont constaté qu’il y avait, des deux côtés, une volonté réelle d’aboutir, mais que trop de détails devaient encore être réglés. Plutôt que de signer un mauvais accord ou de se quitter sur un constat d’échec, elles ont préféré une troisième voie : un accord intérimaire qui est déjà, en soi, un succès pour les partisans du dialogue, au premier rang desquels le président américain Barack Obama et son homologue iranien Hassan Rohani.
La détermination de ces dirigeants à aboutir, et à renverser notamment trente-cinq ans de conflit entre la République islamique d’Iran et les États-Unis, est déjà en train de transformer le Moyen-Orient. Durant ces négociations, les puissances occidentales ont en effet implicitement reconnu le droit de Téhéran à maîtriser le processus d’enrichissement de l’uranium à des fins civiles. Elles veulent, en revanche, l’empêcher de détourner son programme à des fins militaires. Un accord semble possible, mais le statut de l’Iran dans la région aura changé.
Sous la conduite de Barack Obama, les États-Unis semblent prêts à prendre acte de cette transformation, voire à l’encourager. Le diagnostic qu’ils posent sur le Moyen-Orient est en effet très pessimiste et ils estiment qu’une normalisation des relations avec l’Iran est susceptible d’enrayer le chaos actuel. Depuis quelques années, deux pays majeurs de la région, l’Irak et la Syrie, ont implosé, menaçant la stabilité de leurs voisins. Ils sont le champ de bataille d’une terrible rivalité entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite. Les États-Unis, alliés de la première, ennemis du second, estiment urgent de sortir de ce clivage. Cette stratégie fait un pari audacieux sur la capacité du leadership iranien à jouer un rôle constructif. Elle ne peut être mise en œuvre, à ce stade, que par une politique des petits pas.
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