US Revisits the Idea of Equipping Police Officers with Cameras

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Aux Etats-Unis, l’idée d’équiper les policiers de caméras relancée

Le drame de Ferguson, où une altercation entre un policier blanc et un adolescent noir s’était soldée, le 9 août, par la mort par balles de ce dernier et la décision du grand jury du comté de Saint-Louis (Missouri), le 24 novembre, de ne pas poursuivre le meurtrier qui avait assuré avoir agi en état de légitime défense, a incité la Maison Blanche à se pencher sur la question des caméras dont pourraient être équipés les policiers.

Selon leurs partisans, des enregistrements vidéo pourraient avoir un effet vertueux sur les pratiques policières et fournir à la justice des éléments lui permettant de trancher dans les situations où s’affrontent des thèses contradictoires. Le 1er décembre, Barack Obama a ainsi annoncé un programme de 263 millions de dollars (212 millions d’euros) à cet effet au cours d’une réunion convoquée à la Maison Blanche pour tirer les leçons des émeutes qui ont accompagné à Ferguson l’annonce de la décision du grand jury. Les annonces sont survenues peu avant qu’un autre non-lieu comparable prononcé mercredi par le grand jury de Staten Island ne suscite une nouvelle vague d’indignations.

Le dispositif existe déjà dans certaines villes américaines. Dans le Maryland, après Laurel, le conseil municipal de Baltimore (Maryland) a voté un texte prévoyant d’équiper les 3 000 policiers municipaux de caméras embarquées à la suite d’une série d’incidents mettant aux prises des policiers et des Afro-Américains. La maire de la ville, Stephanie Rawlings-Blake, une Noire, a cependant fait savoir qu’elle opposera son veto à une décision qu’elle juge précipitée.

Modifier le comportement de la police

Présenté comme une panacée, le recours aux caméras embarquées fait en effet l’objet de critiques que résume John Eck, criminologiste de l’Université de Cincinnati (Ohio), une ville où un programme ambitieux destiné à modifier le comportement de la police avait été engagé en 2001 à la suite de drames similaires à celui de Ferguson. « Dans la grande majorité des cas, les relations entre la police et la population dont elle a la charge sont dépourvues de violences, mais elles peuvent toucher à l’intime, explique-t-il: les disputes conjugales, l’affolement d’une fille à la recherche d’un père atteint de sénilité, la personne prise de boisson, avec le risque que ces enregistrements tombent dans le domaine public. Est-ce que je vais appeler la police dans ces circonstances si je sais que la scène sera enregistrée ? »

« Je doute également que les enregistrements puissent faire toute la lumière en toutes circonstances, poursuit John Eck, et leur usage pourra toujours être détourné par les policiers à leur avantage. » « Le recours aux caméras, conclut-il, risque d’être utilisé comme une excuse pour ne pas reconsidérer certaines pratiques policières qui conduisent à des situations se concluant malheureusement par des drames. »

L’enregistrement de l’interpellation fatale de Staten Island, réalisé par un témoin, n’a par ailleurs pas produit le résultat escompté par la famille de la victime.

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