La bataille fut politique, bureaucratique, voire morale. Cinq ans après avoir entamé ses travaux d’investigation et deux ans après que le Congrès les a entérinés, la Commission du renseignement du Sénat américain publie enfin le résumé d’un rapport de 6000 pages qui fait la lumière sur un chapitre sombre de la démocratie américaine: la torture pratiquée par la CIA dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au lendemain des attentats du 11-Septembre
La bataille fut politique, bureaucratique, voire morale. Cinq ans après avoir entamé ses travaux d’investigation et deux ans après que le Congrès les a entérinés, la Commission du renseignement du Sénat américain publie enfin le résumé d’un rapport de 6000 pages qui fait la lumière sur un chapitre sombre de la démocratie américaine: la torture pratiquée par la CIA dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au lendemain des attentats du 11-Septembre.
L’accouchement fut toutefois difficile. L’Amérique des Cheney, Bush ou Rumsfeld continue de croire que les techniques d’interrogatoire musclé demeurent nécessaires pour protéger les Etats-Unis du Mal. Elle ne semble même pas troublée par le fait que le groupe djihadiste de l’Etat islamique a utilisé une technique similaire, celle de la simulation de noyade, sur un journaliste américain, James Foley, en guise de représailles avant que celui-ci ne soit décapité.
Le président démocrate Barack Obama, qui a mis fin à ces techniques illégales dès son arrivée à la Maison-Blanche en 2009, n’a cessé de le souligner. La torture et le maintien de la prison de Guantanamo, qui reste un trou noir juridique pour bon nombre de détenus, portent préjudice à l’aura des Etats-Unis dans le monde.
Rationnel, Barack Obama a pourtant longtemps traîné les pieds avant de soutenir la publication d’un rapport qui révèle, à l’image de Guantanamo et d’Abou Ghraib, les souillures d’une démocratie qui s’est dévoyée dans la manière d’appréhender la lutte contre le terrorisme. Il ne semble pas prêt à faire traduire en justice les responsables d’une torture institutionnalisée qui n’a en rien, selon le rapport du Sénat, permis d’obtenir des informations cruciales pour débusquer des ennemis de l’Amérique. Comme le souligne Human Rights Watch, le rapport sénatorial ne doit être que le début d’un processus d’enquêtes pénales sur les abus commis par l’administration de George W. Bush. C’est la catharsis nécessaire pour que l’Amérique soit à nouveau à la hauteur de ses idéaux, le prix à payer pour qu’elle reconquière une autorité morale qu’elle a en partie perdue.
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