Cuba-United States: ‘It’s the End of the Cold War on the American Continent’

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Cuba-Etats-Unis: “C’est la fin de la Guerre froide sur le continent américain”

Par Catherine Gouëset publié le 17/12/2014 à 19:40, mis à jour à 21:00

Après un demi-siècle d’embargo imposé à l’île, les Etats-Unis et Cuba ont annoncé ce mercredi leur volonté de rétablir leurs relations diplomatiques. La réaction d’Olivier Dabène, professeur à Sciences-Po, spécialiste de l’Amérique latine.

îBarack Obama et Raul Castro ont simultanément annoncé l’ouverture de négociations en vue de la normalisation entre leurs deux pays. Un rapprochement historique après plus de 50 ans de rupture des relations diplomatiques. La réaction d’Olivier Dabène, professeur à Sciences-Po – CERI/OPALC*, spécialiste de l’Amérique latine.

Pourquoi cette annonce intervient-elle maintenant?

On peut y voir dans le même temps des raisons liées à l’agenda politique américain et des raisons diplomatiques. Au plan intérieur, Obama est plus disposé à prendre des risques maintenant qu’il n’a plus rien à perdre, à deux ans de la fin son second et dernier mandat. Des risques d’ailleurs peu élevés puisque les Américains ont beaucoup évolué sur les relations avec Cuba. Ils ne sont plus attachés à cet héritage de la guerre froide. Même la communauté d’origine cubaine n’est plus arc-boutée sur cette question comme par le passé ; les plus radicaux ne pèsent plus autant que par le passés. Leur influence électorale a diminué. Et de toute façon, la Floride, où beaucoup d’entre eux étaient installés, a très peu de chance de tomber dans l’escarcelle démocrate.

Et sur le plan diplomatique ?

Les pays latino-américains préparent le sommet des Amériques, prévu en avril à Panama. Plusieurs des pays de la région avaient fait savoir qu’ils boycotteraient le sommet si Cuba n’était pas invité.

Barack Obama a fait une bonne impression lors du premier sommet des Amériques auquel il a participé, en 2009. Mais après les effets d’annonce, le président américain avait déçu, sur trois dossiers, notamment : l’immigration, Cuba, et la question de la drogue. Obama a réalisé une avancée significative sur la question des sans-papiers il y a quelques semaines. La normalisation avec Cuba permettra donc de rétablir un climat serein avec l’Amérique latine. L’enjeu n’est pas tellement économique puisque les Etats-Unis ont déjà établi des relations bilatérales directes avec les pays les plus importants sur le plan économique. Le gain diplomatique, lui, sera énorme pour les relations interaméricaines. C’est la fin de la Guerre froide sur ce continent.

Quelles peuvent être les conséquences de cette normalisation pour Cuba ?

C’est une bonne nouvelle pour la population, les familles séparées. Mais cette réconciliation peut amener des bouleversements de grande ampleur. Cuba va faire face à un afflux de touristes, de marchandises, probablement aussi d’investissements.

Une partie de l’appareil d’Etat est certainement inquiète de cette évolution. L’embargo et l’isolement les arrangeait. Certains d’entre eux peuvent craindre d’être balayés par la vague à venir. Cela dit le régime avait déjà commencé à évoluer. Il avait fait des gestes d’ouverture en matière économique, sur le modèle chinois, avec une libéralisation de l’économie et le maintien d’un régime politique autoritaire. Le rétablissement des liens avec les Etats-Unis donnera sans doute un coup mortel à ce qui reste de la révolution. La dollarisation de l’économie va s’accélérer. Les inégalités aussi pourraient bien être accentuées.

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