United States-Cuba: A Tribute to the Architects of Peace

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Etats-Unis-Cuba: hommage aux artisans de paix

La moitié d’un siècle ! Il aura fallu plus de cinquante ans pour que deux pays, qui furent prêts à en découdre jusqu’à ce que soit envisagé l’usage de l’arme atomique, renouent des relations diplomatiques. Le chemin de « normalisation » n’en est encore qu’à ses débuts. Des prisonniers ont été relâchés (depuis si longtemps incarcérés !), des discours prononcés, des lieux de représentation diplomatique envisagés… Ont été également annoncées quelques mesures à caractère économique, qui desserrent l’étau et représentent pour les Cubains un appel d’air bienvenu. Une addition de petites brises qui ne font pas encore un grand vent de liberté.

Il restera, en effet, beaucoup à faire. Il faudra, pour Barack Obama, convaincre le Congrès américain – et notamment les républicains – que l’embargo doit être levé, que Cuba n’est plus sur la liste des ennemis. Le régime cubain de Raul Castro devra donner à ses concitoyens plus de droits individuels et collectifs ; il ne lui suffira pas de libéraliser le système économique pour convaincre de sa bonne volonté ses nouveaux « partenaires » (la Chine nous montre chaque jour que le capitalisme le plus énergique ne s’accompagne pas forcément de progrès démocratiques ni du respect des droits de l’homme).

Toujours si impatients de dénouements instantanés, nous sommes désarçonnés par ce temps long, si dur pour ceux qui en subissent les épreuves. Mais il permet aux observateurs de constater que l’Histoire n’a jamais dit son dernier mot, que l’issue de graves conflits n’est pas écrite, que des relations durablement crispées peuvent se détendre. Le tournant cubain nous révèle aussi l’engagement fécond de médiateurs, diplomates ou non, qui – dans la discrétion – tissent des liens. Ce fut le cas de l’Église catholique, à Cuba même et au Vatican ; de ses papes – depuis Jean XXIII intervenant au moment de la crise des missiles entre Kennedy et Khrouchtchev, jusqu’à Jean-Paul II en 1998 et Benoît XVI en 2012. Et, au bout de ces années, un autre pape, argentin, accompagne les ultimes accords. Hommage à la persévérance des artisans de paix.

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