Obama, l’histoire des Amériques est en marche
C’est l’Obama des grands jours qui a expliqué aux Américains, aux Cubains et au monde pourquoi il allait changer totalement la politique de Washington vis-à-vis de La Havane, pourquoi il tendait la main au régime castriste.
Libéré du poids des élections de mi-mandat, de toute façon lourdement perdues par les Démocrates, le président américain a décidé de marquer l’histoire en rétablissant les relations diplomatiques avec Cuba. Depuis cinquante ans, un embargo décidé par les USA en pleine guerre froide bloquait les échanges avec cette île située à 170 km à peine de la Floride. Un embargo condamné chaque année à une écrasante majorité par les pays membres de l’ONU, et qui fournissait au régime cubain un alibi commode pour justifier face à sa population les difficultés économiques qu’elle subissait.
Cette politique visant à isoler Cuba a, en cinquante ans, fait la preuve de son inefficacité puisqu’il y a toujours un Castro aux manettes à La Havane. Alors que les relations entre Washington et Moscou ont de plus en plus une désagréable odeur de guerre froide, le président américain a décidé d’en finir avec ce si proche et si encombrant vestige des années 60. En ouvrant la porte qui isolait Cuba des USA, il va faire circuler les responsables politiques, les citoyens et surtout les idées. Un courant d’air salutaire qui déjà permis la libération de prisonniers politiques.
Encore faut-il évidemment que le Congrès américain dominé par les Républicains, le suive : la levée de l’embargo dépend de lui. Obama fait un pari : selon lui, permettre aux Américains, et notamment ceux d’origine cubaine, de se rendre librement à Cuba, d’y investir, ne peut que favoriser l’échange d’idées et de valeurs. Alors que, pour les USA, la situation n’est guère brillante en Irak ou en Afghanistan et que la Chine vient de les dépasser économiquement, Obama investit à fond sur les Amériques, sa base arrière naturelle. Mais de façon ouverte, positive. Ne vient-il pas de lancer un ambitieux programme visant à légaliser les immigrants latinos ? Cuba aussi a changé, s’est ouvert, en tout cas économiquement. L’envoi de médecins cubains pour combattre en Afrique Ebola alors que Washington se contentait de paroles a montré au monde ce que Cuba pouvait lui apporter. Obama a saisi la balle au bond.
Il était temps.
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