Political Sanctions Have Their Limits

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L’embargo américain contre Cuba est une relique de la guerre froide. Barack Obama a fait un premier pas salué dans le monde entier pour abroger, du moins partiellement, cette loi de 1962. Raul Castro, le président cubain, a fait aussi un geste en libérant un Américain détenu depuis cinq ans à Cuba. Et les relations diplomatiques entre le géant américain et l’île des Caraïbes devraient être renouées. Certes, il ne s’agit que d’une mini-avancée car le Congrès américain doit encore se prononcer sur la levée de l’embargo et La Havane n’a pas annoncé de nouvelles mesures de libéralisation politique. Mais le geste a plusieurs conséquences historiques. Il permet tout d’abord aux Etats-Unis de revenir complètement dans le jeu politique en Amérique latine. Le Venezuela, le dernier grand soutien de Cuba après la chute de l’Union soviétique, aura de plus en plus de difficultés à faire passer son discours anti-yankee. Le président Nicolas Maduro, le successeur de Chavez, a dû lui-même faire l’éloge d’Obama pour cette « rectification historique ». Diplomatiquement, les Etats-Unis se rapprochent de la position de l’Europe, qui a déjà pris l’initiative d’ouvrir des négociations sur un accord de dialogue politique et de coopération avec la « perle des Caraïbes ». De plus, une détente entre les Etats-Unis et Cuba, même minime aujourd’hui, aura un effet boule de neige. Et il est difficile d’imaginer qu’elle ne soit pas suivie par d’autres mesures de libéralisation politique à Cuba, comme ce fut le cas avec la perestroïka de Gorbatchev. Mais il y a une autre conséquence importante : avoir démontré les limites de l’embargo et des sanctions contre un pays. Le blocus commercial à l’encontre de Cuba n’a pas atteint ses objectifs, a reconnu Obama. Ce qui est une leçon à méditer. Sans l’ouverture d’un réel processus politique, les sanctions à elles seules ne changent pas la donne. Vladimir Poutine le sait d’ailleurs. Car, si la Russie doit changer de cap, cela sera dû plutôt à l’effondrement des cours du pétrole qu’aux sanctions.

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