L’ex-First Lady devra trouver la bonne distance critique par rapport à l’administration Obama, dont elle fut membre du cabinet présidentiel durant le premier mandat du président démocrate
Pour Hillary Clinton, 67 ans, le grand défi, si elle se lance dans la course à la présidence, sera celui d’incarner le changement. Sa longévité est remarquable. Elle est sur le devant de la scène politique nationale depuis plus de vingt-deux ans, depuis qu’elle a endossé les habits de First Lady après l’élection de Bill Clinton à la Maison-Blanche, en 1992. Ayant grandi dans un milieu conservateur de Chicago, elle soutint à ses débuts la candidature du conservateur Barry Goldwater avant de changer radicalement de cap au cours de ses études universitaires au Wellesley College, une université exclusivement féminine de Boston.
La difficulté d’Hillary Clinton sera aussi de trouver la bonne distance critique par rapport à l’administration démocrate dont elle fut un membre du cabinet présidentiel durant le premier mandat de Barack Obama. Brendan Nythan, professeur de science politique à l’Université de Dartmouth, met en garde: «Elle ne pourra pas se reposer sur le bilan économique très favorable de la présidence Clinton des années 1990, ni trop se distancier de l’administration Obama.»
Quelle politique étrangère?
Dans son récent livre Hard Choices, qui a été perçu davantage comme un calcul politique que comme une réelle réflexion personnelle sur les affaires du monde, l’ex-secrétaire d’Etat ne s’est pas privée de critiquer la politique étrangère du président Obama, notamment son refus d’armer, à partir de 2012, les rebelles syriens avant que l’Etat islamique ne prenne le contrôle de vastes régions d’Irak et de Syrie. Elle tient aussi une position beaucoup plus ferme envers l’Iran. Forte d’un grand carnet d’adresses à l’échelle internationale, elle n’a pas articulé une vision claire de la politique étrangère qu’elle mènerait.
Elle devra sans doute se départir de la prudence politique qui a marqué sa campagne de 2008 où elle fut «trop conseillée» et affirmer ses convictions pour séduire un électorat fatigué. Au Congrès, en tant qu’élue de l’Etat de New York, elle s’imposa vite comme une sénatrice qui comptait.
Hillary Clinton a des arguments à faire valoir. En tant que secrétaire d’Etat, elle n’a peut-être pas enregistré un succès «iconique». Mais elle a mené une diplomatie qui n’en a pas moins changé l’image écornée des Etats-Unis dans le monde après l’ère Bush. Au plan social, même si elle est, elle aussi, proche des milieux de Wall Street, elle reste capable de convaincre des femmes des classes laborieuses de voter pour elle. En termes de réseau, Hillary Clinton n’a rien à envier à Jeb Bush. Bénéficiant déjà de l’appui d’un super-PAC, un comité d’action politique baptisé «Ready for Hillary», elle est capable de lever des fonds substantiels pour nourrir une campagne électorale. L’erreur, pour elle, serait de compter sur «l’inévitabilité» de sa candidature pour justifier l’investiture du Parti démocrate.
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