Obama the Warrior

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Obama le battant

À la faveur de son discours sur l’état de l’Union, le président Barack Obama a déployé l’éventail des sentences politiques qui permettent d’avancer qu’il sera un chef de l’exécutif combatif. Bref, il entend défier la destinée du canard boiteux (« lame duck ») qui caractérise toujours les deux dernières années à la Maison-Blanche.

Dans un discours plus long que d’habitude, Obama a eu recours à la menace à plus d’une reprise. Sur le ton de la conviction la plus trempée qui soit, il a prévenu les républicains que toute contraction de leur part des réformes passées et à venir essuierait l’effet boomerang inhérent à l’usage du… veto ! La majorité républicaine acquise dans la foulée des dernières législatives voudrait étoffer les sanctions visant l’Iran ? Ce sera niet. Idem pour l’assurance maladie, le pipeline Keystone XL, l’immigration, etc. Pour faire court, sur tous les sujets qui comptent, Obama entend user des prérogatives accordées au chef de l’exécutif.

Après écoute de son exposé, un fait politique se dégage, ou plutôt se confirme. On s’explique. Au lendemain, littéralement au lendemain, des élections de mi-mandat qui se sont soldées par la victoire des républicains dans les deux chambres, le chef de l’exécutif s’est employé à conserver une certaine influence sur la composition du programme politique et sur sa concrétisation en enchaînant les initiatives aux propositions. Comme s’il voulait que le Parti républicain soit aux prises avec le tournis constant. Comme s’il voulait l’épuiser en s’activant tous azimuts. Son discours d’avant-hier était dans cette veine. À preuve…

À preuve, aux mesures ponctuelles, il en a greffé une très « grosse ». Baptisée Middle-Class Economics, soit l’économie des classes moyennes, elle devrait consister à introduire la notion de « justice économique », pour reprendre ses mots, en finançant une bonification des revenus des classes moyennes par une augmentation des impôts des riches. Plus précisément, le chef de l’exécutif souhaite supprimer telle niche fiscale, hisser à 28 % la taxe sur le gain en capital, soit le niveau qui prévalait lorsque Reagan était président, modifier le profil des impôts afférents à l’héritage, etc. Il entend également mettre les grandes banques, celles qui ont une charte fédérale, soit les Bank of America, Citigroup et autres, à contribution en leur faisant payer une nouvelle taxe.

Il est écrit dans le ciel que les bouleversements envisagés afin de réduire les écarts de richesse, qui ont atteint un niveau menaçant à terme la cohésion sociale, n’auront pas force de loi d’ici les prochaines élections présidentielles. Mais… mais en évoquant la justice économique, en soulignant que tout doit être fait pour rétablir, et non établir, un contexte où « l’effort de chacun génère un revenu » correspondant, Obama s’invite dans le débat de la prochaine campagne.

Ici et là, en effet, il se dit et se répète que le défi de la répartition des richesses, d’ailleurs qualifié de principal défi de la génération actuellement au pouvoir par Obama bien avant son discours d’avant-hier, sera au coeur des débats des prochaines élections, soit les primaires et la présidentielle. Ici et là, il se dit que les républicains ont une année de contestation, et une seule, des faits et paroles du président. Au-delà, ils seront considérés comme des fanatiques de l’obstruction.

Cela étant, on notera que la mauvaise foi des républicains a atteint ces jours-ci des proportions qui dépassent l’entendement, pour rester poli. De quoi s’agit-il ? Mitch McConnell, sénateur du Kentucky, assure que l’avalanche de bonnes nouvelles économiques, dont notamment un recul à 5,6 % du chômage, découle de la victoire des républicains lors des législatives tenues en novembre dernier, et non en novembre 2013. Bref, la bêtise est à l’horizon de 2016.

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