Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, se félicitait, samedi, de la victoire «cruciale» des Kurdes syriens sur le groupe «Etat islamique» chassé de la ville syrienne de Kobané (nom kurde de Aïn al-Arab). Ce que M.Kerry ne dit pas et omet de signaler est que les forces de l’YPG (milices kurdes syriennes) qu’il glorifie sont le «bras armé» du PYD (Parti de l’union démocratique, fondé en 2003), branche politique (en Syrie) du PKK turc (Parti des travailleurs du Kurdistan). Or, le PKK est listé, par le département d’Etat US, parmi les organisations terroristes. Taxé de terroriste en Turquie, le PKK est à l’évidence fréquentable et «politiquement correct» en Syrie. Ainsi, ce qui est proscrit en deça de la frontière est permis au-delà. Habitués à donner le «la» et à dire les choses, les ex-puissances impériales en général (la France et la Grande-Bretagne notamment), les Etats-Unis en particulier (ces derniers à l’origine de l’avènement de l’islamisme radical et de sa mutation en terrorisme transfrontalier) ne voient pas leurs erreurs (c’est un euphémisme, pour ne pas dire plus) mais sont, en revanche, prompts à sanctionner les autres, et/ou outrepassent le droit international sans autre forme de procès. L’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, est l’une des causes de la dégradation de la situation sécuritaire dans le monde. Or, ce fait n’a jamais été l’objet d’enquête ou de condamnation. Et pour cause! L’avènement de la nébuleuse Al Qaîda et du groupe Etat islamique sont pourtant une marque de fabrique américaine. Qui est en mesure d’en demander compte à Washington? Si les Etats-Unis ne sont pas directement responsables de la situation qui prévaut au(x) Kurdistan, ils n’en tirèrent pas moins largement profit, cajolant les Kurdes irakiens tout en prohibant les Kurdes turcs, les plus agissants dans le dernier quart du XXe siècle. La problématique du Kurdistan est-elle compliquée? Nous ne ferons point l’injure aux responsables politiques états-uniens de ne pas connaître les tenants de l’histoire du Moyen-Orient au lendemain du grand conflit mondial et le dépeçage de cette région entre les vainqueurs de la guerre de 1914-1918. Le territoire kurde eut un traitement particulier. Or, le traité de Sèvres (1920) prévoyait un «Kurdistan indépendant». Au lieu de quoi ce qui devait tenir lieu de territoire kurde a été divisé entre quatre pays (Irak, Iran, Syrie et Turquie) directement ou indirectement sous le «protectorat» britannique et français. A l’instar du peuple palestinien, le(s) peuple(s) kurdes(s) a (ont) été spolié(s) de son (ses) territoire(s) et de son identité. Les Kurdes, qui sont des musulmans sunnites, ne sont ni des Arabes, ni des Turcs. Dès lors, ils ne sont assimilables ni aux uns, ni aux autres. De fait, les gouvernements de Turquie, de Syrie, d’Irak et d’Iran n’ont rien fait en ce sens. Ce qui aggrave la donne c’est encore la façon avec laquelle l’Occident – qui est derrière tous les «accidents» de l’Histoire qui ont induit les divisions des peuples d’Asie, du Moyen-Orient, d’Afrique – instrumentalise la crise et la question kurdes. La manière avec laquelle les Kurdes sont traités selon qu’ils font partie de pays amis et alliés ou considérés «ennemis» en dit long sur le machiavélisme des puissances influentes . Les résistants kurdes turcs sont ainsi des «terroristes» (la Turquie est un pays allié des USA et membre de l’Otan) quand les révoltés kurdes irakiens sont taxés de «patriotes» luttant contre la tyrannie de Saddam Hussein. Ce manichéisme est ainsi poussé jusqu’à l’absurde, induit par l’aide aux milices kurdes syriennes de l’YPG. Cette dernière, une filiale du PKK turc, qui figure sur la liste noire du terrorisme. Grâce à l’aide américaine, le Kurdistan irakien est depuis 2005 un Etat dans l’Etat ayant son président, son Parlement, ses institutions. Ce n’est toutefois qu’un État vassal des Etats-Unis, dont il est un bras armé dans la région. Ce sont les Etats-Unis qui financent, entraînent et arment les peshmergas qui soutiennent les forces de la coalition. Ce qui est étrange est que cette ambiguïté américaine envers le dossier kurde n’a jamais été relevée par les médias. Or, ces derniers n’ont pas manqué de mettre en exergue , lors de la bataille de Kobané, l’ambivalence de la Turquie qui empêcha les Kurdes turcs et les réfugiés kurdes syriens de renforcer les combattants sur le terrain. Que dire des Etats-Unis qui soutiennent le PKK (YPG et PYD) en Syrie et le condamnent en Turquie? Aussi, la question kurde n’est compliquée – au même titre que le dossier palestinien et d’autres conflits – que pour ceux qui y voient surtout le moyen de conforter leur stratégie de domination sur le monde.
It is possible “to walk and chew gum at the same time”. The U.S. has innumerable interests across the globe in trying to promote peace and stability. This calls for nuance in foreign policy. We support the Kurdish people of Iraq because we generally support oppressed people, and the Kurds turn out to be fully deserving of that support. They are certainly nobody’s vassals. The Syrian Kurds are another matter. While we helped them liberate Kobani, we do not support them or the PKK politically except that we wish them to come to peaceful terms with their neighbors.