United States: A Whole Economic Sector Based Around Cannabis

 

 

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États-Unis : tout un secteur économique autour du cannabis

REPLAY / ÉDITO – Le marché américain de la marijuana légale s’est élevé à près de deux milliards d’euros en 2014. L’herbe y est devenue un secteur florissant.

Il y a un an, le Colorado légalisait la vente de marijuana pour “usage récréatif”, suivi par l’État de Washington. L’Oregon et l’Alaska devraient les rejoindre bientôt. C’est tout un secteur économique nouveau qui est en train d’émerger aux États-Unis autour du cannabis.

Certains comparent déjà la période actuelle à la fin de la prohibition de l’alcool, au début des années 1930. Car aux quatre États précédemment cités, s’ajoutent une vingtaine d’autres qui ont autorisé l’usage de la drogue pour raison médicale.

Supermarché de l’herbe

Pour le seul État du Colorado, il y a déjà 1.200 entreprises montées dans le secteur, de la distribution essentiellement. Les rentabilités sont telles que des firmes de capital-risque s’apprêtent à investir – tout comme le rappeur Snoopdog – plusieurs dizaines de millions de dollars.

Une sorte de supermarché de l’herbe est même en train de se monter, qui vendrait à la fois le produit et le matériel nécessaire pour le consommer. Il s’appelle Marley Natural (ils utilisent l’image du saint-patron des fumeurs, Bob Marley).

Cela représente plus deux milliards d’euros pour le seul marché légal aux États-Unis en 2014, et une dizaine de milliards en 2018. Le cannabis se vend une dizaine d’euros le gramme. Chaque consommateur peut en posséder jusqu’à une once (28 grammes).

Des firmes spécialisées se sont montées pour transporter l’argent dans des véhicules blindés

François Lenglet

Le problème, c’est que cette activité est jusqu’ici interdite de banque. La législation fédérale américaine proscrit le commerce des stupéfiants. Or, les banques dépendent justement de la Federal Reserve. Du coup, les entreprises stockent leur argent chez elles. Elles ont acheté des centaines de coffre-forts et louent les services de transporteurs de fonds pour payer leurs impôts en liquide.

Des firmes spécialisées se sont montées pour transporter l’argent dans des véhicules blindés, avec des anciens soldats d’Irak et d’Afghanistan. Parallèlement, les commerçants ont déposé un dossier à la Fed pour créer leur propre banque, afin qu’on puisse payer chez eux en carte de crédit.

“Taxe sur les voyages artificiels”

Quel était l’avantage de légaliser le cannabis ? Tout l’argument des libéraux, c’est de dire que si on légalise, on supprime le trafic et ses bénéfices considérables. Le meilleur moyen de nuire aux trafiquants, disent-ils, c’est de les frapper au portefeuille.

Les opposants répondent, eux, qu’il n’y a pas de drogue douce, et que l’État ne doit pas encourager des comportements dangereux pour la santé. Mais les habitants du Colorado ont voté, et ils ont approuvé la légalisation. L’État en tire d’ailleurs des bénéfices substantiels.

Cela rapporte des dizaines de millions en taxes au Colorado. C’est bien plus qu’on ne l’imaginait. Au point que l’État envisage de rétrocéder aux contribuables une partie de la manne, tellement il croule sous les recettes fiscales. Grâce à la TVA, la taxe sur les voyages artificiels ! Ce sont de simples taxes sur la culture (15%) et la consommation (10%).

Une proposition de loi en France

En France, une proposition de loi en ce sens a été déposée la semaine dernière, par onze députés écologistes. Les Verts sont bien sûr les amis des plantes. Mais ils n’ont pas été suivis par les autres députés, probablement moins sensibles à la protection de la nature. Il y aura un nouveau débat en avril prochain.

D’autres pays dont adopté cette législation. On parle souvent des Pays-Bas, mais il ne s’agit que d’une tolérance, car la drogue y est toujours illégale. Il n’y a jusqu’ici qu’un État qui l’a légalisé : l’Uruguay.

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