The Fight against Boko Haram: Goodluck’s SOS

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LUTTE CONTRE BOKO HARAM : LE SOS DE GOODLUCK

Mieux vaut tard que jamais. Le président nigérian, Goodluck Jonathan, a finalement décidé d’appeler les Américains à l’aide pour lutter contre Boko Haram. Dans un entretien accordé au « Wall Street-Journal », le locataire du palais présidentiel d’Abuja a ouvertement sollicité l’aide américaine dans sa guerre contre la secte islamiste, particulièrement très active depuis ce début d’année 2015.

Un revirement dans l’attitude des autorités nigérianes qui ont longtemps fait de cette guerre contre le groupe djihadiste une question de souveraineté. Jusque-là en effet, malgré ses échecs répétés face à la propagation du péril, Abuja s’était obstiné dans son refus de voir une force internationale fouler son sol.

Un nationalisme sourcilleux de mauvais aloi aux conséquences désastreuses : métastase du « cancer » et effondrement de la situation sécuritaire sous-régionale. Un entêtement dont sont aujourd’hui victimes les Etats frontaliers du Nigeria.

En effet, dans leur volonté expansionniste, les islamistes ont opéré des percées meurtrières au Cameroun où ils ont massacré des populations civiles et incendié des habitations ; au Niger, le groupe salafiste poursuit ses raids principalement dans la ville de Diffa, contraignant le gouvernement nigérien a décrété l’état d’urgence dans cette localité ; le Tchad, qui a envoyé ses troupes sur le sol nigérian pour traquer les hommes d’Abubakar Shekau, en paye aussi le prix avec les attaques perpétrées sur son territoire il y a quelques jours, faisant des victimes et des dégâts matériels.

C’est dire combien Boko Haram est devenu un réel problème de sécurité sous-régionale au point de faire sortir l’Union africaine de sa léthargie. L’organisation panafricaine ayant décidé de lever un contingent de 8700 hommes pour entrer en guerre contre la pieuvre islamiste sans qu’on ne sache jusque-là qui assurera le nerf de la guerre.

Il faut espérer que ce SOS de Goodluck n’arrive pas trop tard, dans la mesure où les Américains, qui étaient présents sur le terrain avec des agents de renseignements et des conseillers militaires, ont été contraints en fin 2014 de suspendre une formation dispensée à un bataillon nigérian du fait d’un coup de sang du même Goodluck, furieux de ne pas obtenir d’armes létales.

Ce qui est sûr ce n’est pas demain qu’un GI va débarquer à Maiduguri. Si là où même concernés, pour des raisons géostratégiques, la Maison-Blanche n’a pas daigné envoyer de fantassin, ce n’est pas pour ce « far country », soit-il anglophone et gorgé de pétrole, que notre frère Obama tiendra un briefing dans la Situation Room (1). Tout au plus peut-on attendre de l’Oncle Sam davantage de moyens financiers et logistiques.

Car le principal risque de tout soutien en armement létal, c’est que les mêmes armes se retrouvent entre les mains de l’ennemi soit du fait de la corruption soit du fait de leur abandon par les forces nigérianes, qui prennent souvent la poudre d’escampette au premier coup de pétard des islamistes.

Dans tous les cas, que ce soit les Etats-Unis ou les autres pays africains, on aurait tort de penser que Boko Haram est un problème qui ne concerne que le Nigeria. Tous les Etats doivent être interpellés au regard de la nature de l’organisation islamiste, qui procède par infiltration pour commettre des attentats à la bombe avant d’apparaître au grand jour avec des armes lourdes.

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