Wage Increases: Wal-Mart Gets the Ball Rolling

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Pendant que le vent d’austérité souffle partout en Occident, Walmart aux États-Unis fait bande à part et offre à 500 000 de ses employés une augmentation de salaire. Plus de 40 % des employés du géant américain recevront dès avril cette année une rémunération horaire minimum de 9 $, puis elle passera à 10 $, à partir du 1er février 2016. Pour le groupe de travailleurs affectés, dont plusieurs sont des femmes, cette mesure représente une augmentation salariale probable de plus de 37 % sur deux ans. Bien que l’annonce ait été accueillie froidement par les actionnaires de l’entreprise, la décision de Walmart d’investir un milliard de dollars de plus annuellement sur son capital humain mérite d’être encensée.

Bien sûr, en augmentant ses salaires, Walmart ne fait pas seulement preuve d’altruisme. Cette décision émane d’une stratégie de croissance bien calculée. Pour augmenter son chiffre d’affaires, Walmart se doit de garder des employés plus qualifiés, en mesure de bien servir une clientèle de plus en plus exigeante. L’entreprise est bien consciente que son service à la clientèle manque de raffinement et il est extrêmement difficile d’améliorer l’expérience client si le roulement d’employés est élevé. Avec une meilleure formation offerte aux employés, Walmart tente de mieux s’outiller pour plaire aux clients qui recherchent davantage que des bas prix.

Plus important encore, étant le plus grand employeur privé au monde, cette décision envoie un message clair aux entreprises de détail qui rémunèrent leurs travailleurs au salaire fixé par la loi. Plus que jamais, le domaine de la restauration rapide est ainsi pointé du doigt.

Depuis quelques années, certains groupes demandent à ce secteur de payer ses salariés à un taux horaire minimum de 15 $. Plusieurs manifestations à travers le monde ont déjà revendiqué la même chose, mais en vain. Ce secteur était jadis reconnu comme la porte d’entrée idéale pour les jeunes sur le marché du travail, mais la démographie des employés a bien changé depuis quelques années. Même si plusieurs adolescents y travaillent encore, la moyenne d’âge des employés en restauration rapide dépasse désormais largement les 25 ans dans plusieurs établissements. De plus en plus, certains retraités moins nantis, retournent sur le marché du travail afin de s’offrir un revenu d’appoint. Ces employés ont des attentes qui diffèrent des jeunes, moins expérimentés.

Cette mouvance vers des hausses salariales arrive à un bien mauvais moment pour cette industrie, surtout pour McDonald’s qui enregistre dernièrement des résultats financiers inquiétants. Et puisque les royautés augmentent et les profits diminuent, plusieurs franchisés de McDonald’s expriment de plus en plus leur mécontentement à l’égard du géant de la restauration rapide. En ayant des marges bénéficiaires d’à peine 3 à 5 %, plusieurs restaurateurs se demandent comment ils pourront mieux rémunérer leurs employés. À la lumière de la décision de Walmart, le secteur n’aura peut-être pas le choix de suivre la cadence, ne serait-ce que pour démontrer que leur conscience sociale outrepasse leur volonté d’afficher de meilleurs profits.

Au point de vue macroéconomique, à en croire certains analystes, les iniquités sociales sont plus importantes que jamais. Pendant que les salaires stagnent en Occident, la valeur des actions augmente et les indices boursiers battent des records. En effet, il va sans dire que l’ensemble des grandes entreprises a plus que jamais accès à une liquidité inouïe qui servirait mieux les salariés que les actionnaires. Notre système économique semble en exclure plusieurs depuis quelque temps, et de nombreux travailleurs s’en rendent compte.

À regret, les employés de Walmart Canada ne sont pas affectés par cette stratégie et devront attendre. Par contre, la décision d’une grande entreprise de rémunérer ses employés sans que le gouvernement impose un salaire minimum plus élevé nous indique que le secteur privé valorise plus que jamais le capital humain dans l’exécution de sa stratégie. Et puisque le secteur de la restauration rapide emploie plusieurs personnes dont le salaire annuel ne dépasse pas le seuil de la pauvreté, McDonald’s et d’autres chaînes n’auront peut-être d’autre choix que d’emboîter le même pas. Et si c’est le cas, ces derniers vont devoir sérieusement remanier leur modèle d’affaires.

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