Barack Obama’s Three Iranian Gambles

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Un compromis sur le nucléaire iranien est désormais à portée de main. Rien n’est, bien sûr, joué car restent à régler des détails qui peuvent encore tout faire capoter, mais un accord entre l’Iran et les grandes puissances n’est maintenant plus improbable pour deux raisons.

La première est que Barack Obama souhaite terminer son mandat sur un rapprochement entre les Etats-Unis et un pays ascendant qui fut l’un de leurs principaux alliés et pouvoir, surtout, s’appuyer sur les forces armées iraniennes pour stabiliser le Proche-Orient où il n’a aucune envie de devoir renvoyer des troupes au sol. La seconde raison pour laquelle un compromis se dessine est que les dirigeants iraniens en ont parallèlement besoin parce que leur pays est étranglé par les sanctions économiques dont il est l’objet et que, sans ces sanctions, l’Iran pourrait vite s’affirmer en première puissance du Proche-Orient, où il est déjà devenu totalement incontournable.

A Téhéran, les réformateurs veulent un accord parce qu’ils voudraient pouvoir moderniser leur pays et augmenter son niveau de vie et que c’est sur ce mandat que Hassan Rohani, l’un des leurs, s’était fait élire à la présidence de la République en juin 2013. Guide suprême en tête, les conservateurs acceptent, eux, la nécessité d’un compromis parce que l’arme nucléaire peut attendre et que l’Iran chiite ne peut plus continuer à financer le développement de son influence régionale sans rétablir ses finances.

Conservateurs, réformateurs et population, c’est tout l’Iran qui aspire aujourd’hui à la levée des sanctions et, donc, à un compromis nucléaire auquel la Maison Blanche travaille nuit et jour, car quelles seraient ses autres options ?

Aller bombarder les sites nucléaires iraniens comme Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, le souhaite sans le dire ? Outre que le succès d’une telle opération ne serait pas garanti car ces sites sont très profondément enfouis, ce serait ouvrir une dynamique imprévisible et seulement retarder l’accession de l’Iran à la bombe dont il maîtrise déjà la technologie. Ce n’est pas une option rationnelle et le simple maintien des sanctions n’en est pas non plus une puisque les difficultés économiques n’ont jamais empêché la République islamique d’enrichir son uranium et de perfectionner ses missiles.

Pour Washington et Téhéran, la raison commande de donner du temps au temps en cherchant un accord gelant, pour une douzaine d’années, les capacités nucléaires de l’Iran à un niveau qui lui demanderait un minimum d’un an pour passer de la possibilité de se doter de la bombe à son développement effectif.

C’est à cela que travaillent négociateurs américains et iraniens mais, si éminemment souhaitable qu’il soit, ce compromis reposerait sur un triple pari.

Rien ne garantirait d’abord que plusieurs des pays sunnites, l’Arabie Saoudite et la Turquie notamment, n’entreprennent alors leur propre marche vers la bombe de peur que l’Iran chiite ne la possède à l’expiration de cet accord. Compte tenu de la force de frappe israélienne, cela ferait de la poudrière proche-orientale une poudrière nucléaire où il n’est pas du tout certain que la théorie de la dissuasion puisse durablement fonctionner.

Il n’est pas non plus sûr que la levée des sanctions renforce assez le camp réformateur à Téhéran pour que la politique régionale de l’Iran devienne moins inacceptable aux yeux des capitales et des populations sunnites alors que l’ancienne Perse est déjà une force dominante au Liban à travers le Hezbollah, au Yémen à travers les Houthis chiites et en Irak comme en Syrie à travers son soutien militaire aux régimes en place.

Les mondes sunnites pourraient considérer, au contraire, qu’un rapprochement américano-iranien les obligerait à faire front comme jamais contre les chiites, aussi bien contre l’Iran lui-même que contre ses deux alliés, le régime de Damas et le Hezbollah libanais, et contre l’ensemble des chiites de la région, majoritaires en Irak et à Bahreïn, ou minoritaires en Arabie Saoudite et en Syrie.

Au lieu de favoriser une stabilisation régionale, un rapprochement entre les Etats-Unis et l’Iran pourrait ainsi décupler l’intensité de l’affrontement en cours entre les deux grandes religions de l’islam car les sunnites pourraient s’inquiéter de voir les forces iraniennes intervenir en Irak et en Syrie beaucoup plus massivement qu’elles ne le font déjà.

Il n’est nullement dit, enfin, que l’influence américaine au Proche-Orient soit encore assez forte pour amener sunnites et chiites à un modus vivendi en maintenant un équilibre des forces entre ces deux camps. C’est le troisième pari, et la France y croit si peu qu’elle a choisi, quant à elle, de renforcer les sunnites contre l’Iran en renforçant les armées libanaise et égyptienne, l’une et l’autre financées par l’Arabie Saoudite. Compromis nucléaire ou pas, les nouvelles guerres du Proche-Orient n’en sont qu’à leur début.

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