Depuis quelques semaines et l’effondrement des cours du pétrole de plus de 60%, le marché est en plein questionnement. Les prix de l’or noir sont-ils mûrs pour une reprise solide après le rebond de ces derniers jours, ou tout ceci n’est-il qu’un feu de paille ? En perte de repères, pris entre les estimations les plus pessimistes qui voient le pétrole revenir à 20$ le baril (Citi, Goldman Sachs évoque 30$) et la tentation de se repositionner sur un secteur où certaines valorisations sont massacrées, les investisseurs scrutent la moindre information. C’est ainsi qu’un « nouvel » indicateur est devenu l’une des publications les plus suivies des marchés pétroliers : le rig count. En quelques semaines, ce chiffre, publié tous les vendredis à 19h00 (heure de Paris) depuis 1944 par la société de services pétroliers américaine Baker Hughes, est devenu le baromètre des prix de l’or noir. Comptabilisant le nombre de plateforme de forage en activité, il permet de se faire une idée de l’impact de la baisse des prix du pétrole sur l’activité des opérateurs de pétrole de schiste aux Etats-Unis. Et depuis maintenant quelques semaines, ce chiffre est en chute libre. Depuis octobre 2014, le nombre de plateformes de forage en activité est ainsi en baisse de plus de 34%, à 1056 forages. C’est ce ralentissement qui a amené certains investisseurs à se repositionner sur l’or noir, anticipant que cette baisse des forages allait entraîner une baisse de la production et ainsi équilibrer l’offre et la demande internationale de pétrole. A court terme, le pari semble néanmoins un peu risqué. Car ce chiffre ne dit pas tout, et il faut regarder au-delà de cette donnée brute. Il existe en effet différent type de forages, et ils n’ont pas tous le même rendement. On distingue ainsi les forages verticaux, classiques, des forages horizontaux, utilisés avec les technologies de fracturation hydraulique les plus récentes. Ces derniers, se développant à l’horizontal dans la couche de roche mère emprisonnant le pétrole, ont un rendement bien supérieur à celui des installations verticales, dont la portée est limitée autour d’eux. Dans les derniers décomptes, ce sont ces puits qui sont le plus en recul (-75 sur un total de 98).
Mais, le nombre de forages ne fait pas tout. Compte tenu de la forte production des puits lors de leur mise en service, la baisse temporaire du nombre de forages ne se traduit pas forcément par une baisse de la production. Les nouveaux puits peuvent en effet avoir une productivité plus importante que les puits qui arrivent en fin de vie. C’est ce qui s’est passé dans le gaz en 2008/2009 lorsque, à la suite de la crise financière, les investissements ont ralenti dans les forages aux Etats-Unis.
Cependant, la situation a changé. Ainsi, l’une des principales raisons de la progression de la production en 2008 tenait dans les gains de productivité obtenus sur les forages (avec notamment les forages en pad), et non sur les puits. En décidant d’optimiser l’utilisation des foreuses en forant 4 puits, les producteurs ont réussi à augmenter considérablement le nombre de puits réalisés, sans augmenter le nombre de machines en activité. Mais aujourd’hui, il semble que les gains de productivité aient atteint leur limite. Le taux de déplétion extrêmement rapide de ce type de puits implique que, pour maintenir la production, une fuite en avant permanente est nécessaire. En effet, plus le temps passe, et plus le nombre de forages ayant besoin d’être remplacé est important. La production pétrolière serait donc désormais plus corrélée au nombre de foreuses en activité qu’au nombre de puits en activité, comme le montre ce graphique :
Ainsi, alors que la production moyenne par foreuse a presque triplé depuis début 2012, la production moyenne par puits, elle, a reculé d’un tiers sur la même période. Alors que près du tiers des foreuses est déjà à l’arrêt et que le mouvement semble s’amplifier, la production pétrolière de schiste
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