Bachar Al Assad ne pourra pas être vaincu militairement. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés les États-Unis. Ils constatent que dans une Syrie fragmentée par quatre ans de guerre, deux forces dominent : Daech, dans le nord et dans l’est ; l’armée et les milices pro-Assad, dans le centre et dans l’ouest. Entre les deux, d’autres guérillas contrôlent encore certains territoires mais ne peuvent représenter une alternative crédible.
Face à cette situation, Washington estime que le plus grand péril pour la sécurité des États-Unis est Daech. Par sa volonté de conquêtes, cette organisation djihadiste est en effet un facteur de déstabilisation de tout le Moyen-Orient. Elle essaime en outre loin de sa base irako-syrienne, jusqu’en Afrique et en Afghanistan. Elle recrute enfin des milliers de jeunes musulmans occidentaux, qui représentent à terme une menace pour la sécurité de leur pays d’origine, en Europe, en Amérique du Nord, en Australie… Daech pose aussi un défi moral exceptionnel par la violence de ses exactions contre les populations sous son contrôle.
Le secrétaire d’État américain John Kerry en a tiré une conclusion le 15 mars sur la chaîne de télévision CBS : « Nous pourrions avoir à négocier avec Assad. Tout le monde reconnaît qu’il n’y a pas de solution militaire, a-t-il expliqué. Seule une solution politique est possible. » La France, la Grande-Bretagne et la Turquie ont immédiatement dénoncé cette position, affirmant que le dictateur syrien ne pouvait faire partie d’une négociation en vue d’un règlement politique de la guerre civile. De fait, discuter avec Bachar Al Assad serait immoral ; il ne saurait être considéré comme un allié ni comme un interlocuteur normal. Mais la recherche de la paix est un objectif moral supérieur, si elle permet de mettre fin aux souffrances de millions de réfugiés et à la fin de la plus grande catastrophe humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale, selon l’ONU. Le « ni-ni » de la France – ni Daech, ni Assad – finit par être irréaliste et dès lors, lui aussi, peu éthique.
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