MONDE ARABE
Le gâchis!
Depuis une décennie, ledit «Monde arabe» a perdu la maîtrise de son destin et est livré au bon vouloir de grandes et petites puissances. Dictateurs et rois arabes ne sont en fait que des vassaux – au mieux des auxiliaires contre leurs peuples – de puissances qui n’ont jamais caché leurs intentions de détruire l’Etat national arabe. Or, plus soucieux de leur pérennité au pouvoir que de construire des Etats forts capables de faire front à l’adversité, les dirigeants arabes sont, quelque part, complices de ce qui arrive aujourd’hui à un certain nombre de pays arabes. Peuvent-ils ignorer les projets ici et là de dépeçage de la région et de la réinstallation du tribalisme et du clanisme dans lesdits pays? Ainsi, le plan américain de partage du Monde arabe dit «projet du Grand Moyen-Orient élargi» (GMO ou GME, Great Middle East)) de l’ex-président américain, George W. Bush, est plus que jamais d’actualité au regard des évènements qui marquent le Moyen-Orient et le Maghreb depuis quatre ans. Les Arabes qui n’ont pas su, sans doute surtout voulu se réformer – en se démocratisant et en ouvrant la voie au partage du pouvoir- sont en passe de se voir imposer la tutelle extérieure, sous forme de vassalisation, au bénéfice de puissances qui sont derrière l’avènement des groupes terroristes dits «islamistes». 400 millions d’Arabes pourraient, du jour au lendemain, se retrouver sous le joug états-unien et de son gendarme avancé, Israël. Les dirigeants arabes en sont-ils seulement conscients qui ont fait tout faux lors des dix dernières années – n’ont pas compris ce qui se tramait contre eux et leurs Etats – qui apportèrent aide et assistance aux Etats-Unis quand ces derniers envahirent l’Irak en 2003, ou lorsque la coalition occidentale – menée par l’Otan – détruisit la Libye, comme ils encouragèrent des groupes jihadistes à combattre les gouvernements syrien et irakien. Les très riches monarchies du Golfe, à leur tête l’Arabie saoudite – qui détiennent un pouvoir absolu sur leurs peuples – ne sont pas pour peu dans la dégradation de la situation dans maints pays arabes. Et ce sont ces pouvoirs autocratiques, sous certains aspects esclavagistes, qui prétendent à l’unisson de l’Occident «démocratiser» le Monde arabe? Cela aurait été risible, si la situation n’était pas aussi tragique. Et le sommet du burlesque a été atteint quand la Ligue arabe a exclu de ses rangs la République arabe de Syrie, pour promouvoir à sa place la rébellion syrienne parrainée par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite en particulier. Face à ces altérations comment s’étonner que ledit «Monde arabe» soit désormais à la merci de décisions prises à sa place par des étrangers? Dévitalisés et déphasés par un long règne de dictatures «républicaine» et monarchique, les dirigeants arabes ont perdu toute initiative s’en remettant à des puissances qui ne leur voulaient pas que du bien. L’exclusion de la Syrie et l’acceptation de rebelles parmi eux, illustre la dépréciation de la notion de valeur et de responsabilité par des dirigeants arabes qui n’ont rien vu venir. De fait, ledit «Monde arabe» n’a plus d’existence que virtuelle et sert à justifier les pires ignominies au nom de peuples arabes qui n’en peuvent plus mais… Les peuples sont assassinés, torturés, violés en Syrie, en Libye, au Yémen, en Irak (ce pays est en phase de disparaître et remplacé par des Etats ethniques et confessionnels: kurdes, chiite et sunnite) sous le regard impuissant des uns, jubilatoire des autres. Ainsi, ledit Monde arabe s’est incliné – par lâcheté et absence de volonté – devant les exigences des Etats-Unis et d’Israël – jusqu’à faire, par procuration, une guerre à l’Iran, comme s’y est engagée l’Arabie saoudite au Yémen. Or, c’est le peuple yéménite qui paye cash les retombées de la dégénérescence, de la subordination et de l’irrationnel de dirigeants arabes qui n’ont pas su s’élever à la hauteur de leurs missions. Ce qui se passe en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen, marqué par l’instrumentalisation de groupes jihadistes – voir l’aveu de l’ancienne secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, quant à la responsabilité US dans l’apparition d’Al Qaîda et Daesh – est précurseur de ce qui attend les autres nations arabes. De fait, rien de sérieux, qui engage notre région, ne se traite désormais au niveau arabe. Les dirigeants arabes ne semblent pas s’apercevoir que le monde a changé et que si le Moyen-Orient et le Maghreb veulent encore jouer un rôle dans les affaires mondiales, ils doivent redonner à leurs peuples la primauté du pouvoir. Seuls les peuples sont aptes à prémunir le Monde arabe des oukases des uns et les intimidations des autres.
Americans want to disentangle themselves from being so deeply engaged in the Middle East. Our greatest hope is that our Arab allies can handle their own problems and we would also like them to be more democratic and free.