The Other Youth

Published in Le Devoir
(Canada) on 1 May 2015
by Guy Taillefer (link to originallink to original)
Translated from by Emily France. Edited by Bora Mici.
From Ferguson last summer to Baltimore this week, the alarms are sounding in the U.S. a half-century after the adoption of black civil rights laws. And they won’t stop ringing anytime soon.

The riots that erupted after the funeral of young Freddie Gray, who died while in police custody, have once again highlighted the fact that American society is still far from having recovered from its racism. There will be other Fergusons and other Baltimores, of course. Frustration doesn’t ask for permission to manifest itself. These riots are a perfectly understandable, if not legitimate, reaction to a government and public opinion that nurture the idea and the lie that cultural and systemic discrimination targeting the black minority – in education, health care and jobs – magically disappeared with federal anti-segregation laws in the 1960s.

The riots are the ugliest face of the frustration felt by a great number of black youth. However, they take up a disproportionate amount of media attention. But we can no longer deny that they are an objective inflamed reaction to a justice system and police force that are influenced by a culture rooted in racial profiling. Must I remind you that young African-Americans are 21 times more likely to be killed by a police officer than young white people, or that the courts disproportionately sentence them to death, or that they were the preferred cannon fodder of the U.S. during the Vietnam War (whose 40th anniversary of the fall of Saigon was celebrated on Thursday)?

The current police chief in Baltimore, who came from San Francisco in 2012, created a stir last February when he declared that he was shocked by the “1950s-level black-and-white racism” that was prevalent within the department when he took office. Also, 50 officers were fired in recent years due to police brutality.

It must be said, then, that police officers are not neutral. They are an armed branch of the established order. It’s evident that policing needs to be profoundly reformed in order to break these bad habits. However, reforms will be superficial, as will social peace, without an across-the-board change in mindset.

Hence the urgency of the national dialogue – because clearly violence is a trap, as Martin Luther King said in his day. Some have proposed the creation of a sort of truth and reconciliation committee, like in South Africa. This is a very good idea.

What is wearisome, also, is the staunch moralism that President Obama uses to preach to his brothers every time their anger boils over. There is an urgent need for dialogue because black people, as James Baldwin writes in his essay “Journey to Atlanta,” have completely lost confidence in the American political system. There is urgency because even within the community, youth seem to have lost faith in their traditional leaders. If the old guard of the civil rights movement obtained formal political equality, so far, it has not resulted in a more substantial equality. On the contrary, in fact, economic inequality has increased, and there has been a re-segregation of schools and neighborhoods.

Baltimore is a clear case. It is one of a dozen American cities that have become, in the last 30 years, massively “gentrified,” as millennials or Generation Y – made up of young, educated, middle-class white people who grew up in the suburbs – move back into the city. This makes Baltimore a complicated mosaic, where white and black people live under the same roof, side by side but separate, and where the horizon of some is not the same for others.


L’autre jeunesse

De Ferguson, l’été dernier, à Baltimore, cette semaine, le réveil sonne aux États-Unis, un demi-siècle après l’adoption des lois sur les droits civiques des Noirs. Et n’arrêtera point de sonner.

Les émeutes qui ont éclaté après les funérailles du jeune Freddie Gray, décédé en détention policière, sont venues à nouveau mettre en exergue le fait que la société américaine est encore loin d’avoir guéri de son racisme. Il y aura d’autres Ferguson et d’autres Baltimore, forcément. La frustration ne demande pas de permis de manifester. Ces émeutes sont une réaction parfaitement compréhensible, pour ne pas dire légitime, à un pouvoir et à une opinion majoritaire qui entretiennent l’idée et le mensonge que la discrimination culturelle et systémique à l’égard de la minorité noire — en éducation, en santé, en emploi — a magiquement disparu avec les lois fédérales antiségrégationnistes des années 1960.

Les casseurs sont le visage le plus moche du ras-le-bol que ressent une grande partie de la jeunesse noire. Occupent d’ailleurs une part démesurée de l’attention des médias. Mais on ne peut nier non plus qu’ils sont une réaction objective, exacerbée, à une justice et à des services policiers habités par une culture enracinée de profilage racial. Faut-il rappeler que les jeunes Afro-Américains ont 21 fois plus de risques d’être abattus par un policier que les jeunes Blancs ? Ou que les tribunaux les condamnent à mort de façon disproportionnée ? Ou qu’ils ont été une chair à canon préférée des États-Unis pendant la guerre du Vietnam (dont on célébrait jeudi le 40e anniversaire de la chute de Saïgon) ?

Arrivé en 2012 de San Francisco, l’actuel chef de la police de Baltimore a créé des remous en février dernier en déclarant qu’il avait été étonné par le « racisme des années 50 » prévalant au sein du service quand il est entré en fonction. Aussi, une cinquantaine d’officiers ont été congédiés ces dernières années pour cause de brutalité policière.

Il reste que les policiers ne sont pas neutres, qu’on se le dise. Ils sont un bras armé de l’ordre établi. Évidemment que les services policiers ont besoin d’être réformés en profondeur pour casser ces comportements. Mais les réformes resteront superficielles, comme la paix sociale, sans changement de mentalité tous azimuts.

D’où urgence de dialogue national. Parce que la violence est un piège, évidemment, comme l’a bien dit en son temps Martin Luther King. Certains proposent la création d’une sorte de Commission de vérité et réconciliation, comme le fit l’Afrique du Sud. C’est une fort bonne idée.

C’est qu’il est lassant, à la fin, le moralisme bon teint dont le président Obama sermonne ses frères chaque fois que leur colère déborde. Il y a urgence de dialogue parce que les Noirs, écrit James Baldwin dans son essai Journey to Atlanta, ont complètement perdu confiance dans la classe politique américaine. Il y a urgence parce qu’au sein même de la communauté, la jeunesse semble avoir perdu foi en ses leaders traditionnels. Si la vieille garde du mouvement des droits civiques a obtenu l’égalité politique formelle, cela n’a pas pour autant débouché sur une égalité plus substantielle. Bien au contraire, en fait : les inégalités économiques se sont creusées, pendant que l’on assiste à une re-ségrégation des écoles et des quartiers.


Baltimore est un cas patent. Elle est l’une parmi une douzaine de villes américaines qui depuis 30 ans se sont massivement « gentrifiées » avec le retour en ville de la génération Y — ou « génération du millénaire » —, celle des jeunes Blancs instruits de classe moyenne qui ont grandi en banlieue. Cela donne à Baltimore une mosaïque compliquée où Blancs et Noirs vivent sous le même toit, côte à côte, mais séparément. Où l’horizon des uns n’est pas du tout celui des autres.
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