US-Israel: It’s Divorce!

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Tournant. Les Etats-Unis ont, une nouvelle fois, averti Israël qu’il perdrait leur soutien à l’ONU s’il persiste dans son refus d’une solution à «deux Etats». C’est la vice-secrétaire d’Etat américaine, Wendy Sherman, qui l’a déclaré, lundi dernier, devant un parterre de dignitaires juifs américains. Avant elle, le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, avait, le 19 mars dernier, tenu les mêmes propos. Deux fois plutôt qu’une, l’avertissement est à prendre au sérieux. Ce qu’a fait, ou a voulu faire croire, Benyamin Netanyahu, qui a réagi en exigeant de l’Autorité palestinienne «d’abandonner le pacte» avec le Hamas. Condition, selon lui, nécessaire pour que puissent «s’engager des négociations sincères». En d’autres termes, Netanyahu veut faire croire qu’il revient à de meilleurs sentiments et accède aux exigences américaines. La réalité est tout autre. Confronté à des difficultés à former un gouvernement après les élections anticipées, Netanyahu a été contraint de demander un délai supplémentaire de 15 jours. Désigné le 25 mars dernier pour former un gouvernement, il n’a pas réussi, après un mois de tractations à trouver un terrain d’entente avec la coalition de partis qui forment la majorité. Il a jusqu’au 7 mai prochain pour y parvenir. Donc il a besoin de temps. Et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre sa réponse à l’exigence américaine. Et si les Etats-Unis ont cru nécessaire de rappeler, lundi, ce qu’ils ont toujours exigé, cela est dû à des informations qui font état de négociations secrètes entre Israël et le Hamas. L’objectif étant la conclusion d’un cessez-le-feu à longue durée. Entre dix et vingt ans. En plus simple, Israël cherche, comme il l’a toujours fait, à gagner du temps nécessaire pour sa politique expansionniste. A la paix durable, Tel-Aviv propose un cessez-le-feu provisoire. Cependant, l’information ayant été diffusée par une chaîne de télévision israélienne ne réunit pas les meilleures conditions pour être crédible. Le mouvement Hamas a toujours été accusé par Israël d’être l’instrument de l’Iran. On voit mal, ce qui subitement, rendrait ce mouvement «acceptable» aux yeux de l’Etat hébreu. Qui pourrait croire, un seul instant, que lâché par les Etats-Unis, Israël puisse se tourner vers l’Iran en négociant avec Hamas. Quoi qu’il en soit, intox ou pas, manoeuvre ou pas, il est clair que l’insistance des Etats-Unis a pour objectif de réaffirmer sa détermination à relancer le processus de paix. Un rappel qui intervient alors que la France se prépare à proposer une résolution au Conseil de sécurité pour définir clairement les principes pour une solution au conflit en y intégrant les frontières de 1967 de l’Etat palestinien. Une telle résolution a toutes les chances de passer si les Etats-Unis joignent le geste à la parole et n’opposent pas leur veto. Si l’on tient compte du bras de fer (rappelé avec humour aux correspondants de presse) qui oppose Obama à Netanyahu depuis le blocage du processus de paix par Israël et de la montée en puissance du «refroidissement» de leurs relations, il n’y a plus de place au doute quant au retrait du «soutien inconditionnel» des Etats-Unis dont a toujours bénéficié, jusque-là, Tel-Aviv. La difficulté de Netanyahu de former un gouvernement viendrait de là. Beaucoup d’Israéliens ont compris que la voie suivie par leur Premier ministre est suicidaire. Il ne s’agit ni de faucons ni de colombes mais de réalisme politique. La «fuite» sur les négociations avec Hamas ne dit pas si Netanyahu a exigé d’Ismaïl Haniyeh, le leader du Hamas, de reconnaître «le caractère juif» de l’Etat d’Israël comme il l’a fait, récemment, avec l’Autorité palestinienne. Ceci dit et en admettant l’existence de ces «négociations», ce serait le meilleur signe de panique que pouvait donner Netanyahu. Au point de négocier avec un parti politique. Et non plus d’Etat à Etat!

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