Obama Campaigns for Free Trade with Asia

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Obama en campagne pour le libre-échange avec l’Asie

Le président Obama vient d’entamer un sprint de campagne pour l’accord de partenariat transpacifique. Ce projet de libéralisation commerciale controversé ­complique la stratégie électorale d’Hillary Clinton… et celle de ­Stephen Harper.

Un élément-clé de l’héritage que ­Barack Obama veut laisser en politique étrangère est le «pivot vers l’Asie», dont l’accord de partenariat transpacifique (TPP) est un pilier. Le président mise gros sur cet accord commercial, mais plusieurs de ses alliés politiques seront plus difficiles à convaincre que ses ­adversaires.

Outre les États-Unis, le TPP engage 11 autres pays, dont le Canada, le Japon, le Mexique, le Vietnam, l’Australie et Singapour. À l’écart des négociations, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et Taïwan suivent attentivement le processus et pourraient s’y joindre dans un avenir plus ou moins lointain. Les enjeux sont énormes.

Au-delà du commerce, le TPP touche de vastes domaines de réglementation économique et financière. Les promoteurs vantent les bienfaits anticipés de l’ouverture des marchés, mais le projet suscite énormément de craintes. Les syndicats et plusieurs voix de gauche dénoncent les dispositions qui faciliteraient les délocalisations d’emplois vers des économies à bas salaires ou qui ­limiteraient la marge de manœuvre ­économique des gouvernements.

Un projet qui ravive des tensions

Historiquement, les accords de libéralisation commerciale ont suscité des conflits entre les partis politiques et des divisions à l’intérieur de ceux-ci. Le commerce divise aussi souvent le président, qui perçoit l’enjeu dans une perspective globale, et le Congrès, aux prises avec les pressions d’intérêts particuliers.

Par exemple, l’approbation de l’ALÉNA, en 1993, avait été fortement appuyée par les républicains et avait causé des tensions importantes entre le nouveau président démocrate Bill Clinton et la gauche de son parti au Congrès.

C’est ce qui semble se produire encore une fois avec le TPP. Pour poursuivre la négociation, le président doit faire ­approuver par le Congrès son autorité de négocier un accord d’ensemble, que le Congrès devra voter sans amendement (fast track). Les républicains, proches de la très grande entreprise, ­appuient fortement le président – ce qui est plutôt rare par les temps qui courent –, mais il faut aussi convaincre six ­sénateurs démocrates de voter avec eux, ce qui est loin d’être acquis.

Un enjeu délicat

Le président Obama n’a plus besoin de se ­préoccuper de sa réélection, mais on ne peut pas en dire autant des législateurs démocrates, qui subiraient les ­foudres des syndicats et de la gauche s’ils appuyaient le TPP.

Hillary Clinton, virtuellement assurée de l’investiture démocrate aux présidentielles de novembre 2016, a pris ses ­distances d’avec le président sur cet enjeu qui s’annonce radioactif dans le con­texte des primaires de son parti. Il semble étrange que l’ancienne secrétaire d’État d’Obama s’éloigne de lui sur un enjeu de politique étrangère, mais elle a tout avantage à ne pas s’aliéner la gauche pour présenter un front partisan uni en 2016.

Stephen Harper observe le tout attentivement. Il veut que le Canada ­demeure dans ce club sélect, mais cela ne pourra se faire qu’au prix de concessions majeures. Les Américains insistent notamment pour l’abandon du système de gestion de l’offre dans l’industrie laitière. En pleine année électorale, Harper ne se plaindra donc pas si le TPP avance… mais pas trop vite.

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