Iraq, Syria: The West Is a War Late

<--

Les Etats-Unis et leurs alliés européens voient encore deux champs de bataille distincts, là où l’Iran et l’Arabie saoudite sont déjà engagés dans une seule et même guerre régionale.

La formule est un peu triviale, mais elle s’applique pleinement à la nouvelle réalité du Moyen-Orient: en Irak et en Syrie, aujourd’hui, les Etats-Unis et leurs amis européens sont «en retard d’une guerre». Il n’y a, sans doute, plus aucune bonne solution face à ce volcan en éruption. Mais au moins faudrait-il oser le regarder en face, afin de tâcher d’éviter de se rendre coupable de nouvelles explosions en cascade.

La réunion des Etats coalisés contre le djihadisme, qui s’est tenue à Paris mardi dans l’indifférence presque générale, l’a démontré à l’envi. La «stratégie» menée par les Etats-Unis, derrière laquelle s’alignent cahin-caha leurs alliés, n’en est pas une.

Sur le papier, cette stratégie se veut pourtant cristalline. En Irak, il s’agit de combattre l’organisation Etat islamique, par tous les moyens. En Syrie, au contraire, place (encore) à une solution diplomatique, voire à une collaboration tacite avec le régime de Bachar el-Assad. A terme, sans le dire ouvertement, c’est sur les Iraniens que comptent les Etats-Unis pour le dénouement de cette «deuxième guerre»: ce sont eux qui, le jour venu – c’est-à-dire après la conclusion d’un accord sur le nucléaire prévu pour fin juin – rendront plus facile le départ du président syrien.

Le problème, c’est que les «Occidentaux» sont les seuls à voir la situation de cette manière – la France, à la vérité, n’est pas de cet avis, mais plus personne ne l’écoute. Désormais, à part Washington, tout le monde perçoit l’embrasement de cette région comme une seule et même guerre. C’est vrai, de toute évidence, pour l’Etat islamique, qui a créé son «califat» autoproclamé à cheval entre la Syrie et l’Irak, et qui ne demande d’ailleurs qu’à l’étendre ailleurs. C’est vrai encore pour les alliés arabes des Etats-Unis, au premier rang desquels l’Arabie saoudite qui, pense-t-elle, joue rien de moins que sa propre survie dans ce combat général. Enfin, c’est vrai pour l’Iran qui, s’il met ses menaces à exécution (et pourquoi ne le ferait-il pas?), pourrait lancer dans ce combat des dizaines de milliers d’hommes supplémentaires.

L’Iran, vu du camp sunnite, sera bientôt maître aussi bien de l’Irak que de la Syrie. L’Arabie saoudite, vue du camp chiite, n’en a que faire des bombardements inefficients de la coalition sur les troupes de l’Etat islamique: son véritable ennemi est l’Iran. Le régime syrien est devenu pratiquement quantité négligeable dans ce combat de titans qui pourrait bien être celui de toute une génération.

About this publication