Marriage for All: In France, Too, Love Was Worth a Celebration

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Mariage pour tous: en France aussi, l’amour valait bien une messe

Les Américains, dont la Cour suprême vient de légaliser le mariage gay, ont notamment célébré la nouvelle en parant la Maison Blanche des couleurs de l’arc-en-ciel. La France, elle, n’a pas fêté l’égalité des droits en 2013.

Et soudain, la Maison Blanche se pare du drapeau arc-en-ciel. Rouge, orange, jaune, vert, bleu, violet : l’illumination, vendredi soir, de la façade néoclassique de l’édifice washingtonien fut aussi brève que pleine de symboles. Juste après l’annonce de la décision, historique, de la Cour suprême américaine de légaliser le mariage homosexuel, les avatars Twitter et Facebook de la White House arboraient, eux aussi, le rainbow flag.#Lovewins : «l’amour est vainqueur». Barack Obama, premier président américain en exercice à se déclarer en faveur du mariage gay, tient à montrer qu’il soutient corps et âme cette décision, qui représente, selon ses propres termes, «une victoire pour l’Amérique». «Lorsque tous les Américains sont traités de manière égale, nous sommes tous plus libres.»

A la fin, l’amour gagne. Peu importe que le président américain n’ait pas toujours soutenu le mariage entre personnes de même sexe avec autant d’enthousiasme. Peu importe, aussi, qu’il ait déclaré, en 2008, cette phrase que n’aurait pas reniée Christine Boutin : «Je crois que le mariage, c’est entre un homme et une femme. Pour moi, en tant que chrétien, il s’agit d’une union sacrée.» Peu importe que son point de vue ait évolué en fonction de l’adhésion de l’opinion publique à la question – d’après un récent sondage Gallup, 60% des Américains sont désormais en faveur du mariage homosexuel, alors qu’ils n’étaient que 40% en 2008. Peu importe car, ce qui compte, c’est la fête de mariage ; et elle fut belle.

Et en France ? La comparaison est douloureuse. L’opinion y est tout aussi favorable, pourtant : les Français se prononcent désormais à 67% en faveur du mariage pour tous, soit 9 points de plus qu’en avril 2013, malgré la forte mobilisation des «antis». Comme Obama, Hollande n’était pas un fervent partisan du mariage gay. Plus indifférent qu’opposant, il n’a pas su trouver les mots pour transformer la victoire législative en victoire politique et opération de com, oscillant entre cafouillages et concessions aux «antis».

Il n’y a pas eu, en 2013, d’Elysée, de Palais-Bourbon ou d’Arc de triomphe arc-en-ciélisé. Et quand trois mois après l’adoption définitive de la loi, Paris fête le 14 Juillet en habillant la tour Eiffel des couleurs de l’arc-en-ciel, la mairie de Paris préfère couper court à toute interprétation : il ne s’agit que d’un hommage à l’Afrique du Sud, nation de Nelson Mandela. On célébrait pourtant la devise de la république, «Liberté, Egalité, Fraternité» (quand le thème de 2012 était le disco). Pourquoi autant de fraîcheur ? Pourquoi, quand on pourrait fêter l’égalité des droits, se recroqueviller sur la peur de faire des vagues ?Pourquoi, quand le combat est gagné, y compris dans l’opinion, céder aux opposants ? Oui, c’est vrai, l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe ne règle pas tous les problèmes du pays, l’insupportable chômage de ses jeunes, son obsession identitaire sans cesse réchauffée par l’extrême droite. Mais fêter le mariage pour tous aurait montré une idée de la république offensive, joyeuse, fraternelle, optimiste, ouverte, au lieu d’une république ligne Maginot, resserrée sur elle-même et excluante pour ses enfants. C’est ce contraste entre deux victoires pour l’égalité que les images américaines ont saisi : le mariage pour tous valait bien une grand-messe républicaine.

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