A Strong and Responsible Iran

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Un seul Etat revient, et tout est repeuplé. Bien sûr, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Les résistances restent nombreuses, les embûches multiples. Mais l’accord conclu à Vienne entre l’Iran et les grandes puissances a la vertu de changer l’Iran et de changer les grandes puissances elles-mêmes. Rien de moins, puisqu’il s’agit de chambouler les soubassements mêmes sur lesquels s’appuie une bonne partie du monde.

La diabolisation d’un pays central comme l’Iran dans une région qui ne l’est pas moins? Il faut croire qu’elle se révélait commode, de part et d’autre, pour qu’elle ait pu tenir si longtemps. Israël, l’Arabie saoudite, certains pays du Golfe, des responsables américains séduits par le manichéisme… A cette liste de réfractaires au bon sens, il faut ajouter les dirigeants iraniens eux-mêmes, dont l’opposition au «Grand Satan» a souvent servi de seule carte de visite.

Il faudra rembobiner une à une toutes les étapes qui ont conduit à ce que l’Iran soit ainsi placé en marge du monde. Mais une fois lancé, le mouvement pourrait bien se poursuivre en accéléré. La fin de cette (très) longue parenthèse semble en vue, presque au coin de la rue.

Il était temps! Le Moyen-Orient réclame désormais à cor et à cri cette «normalisation». Que l’on mette enfin cartes sur table, que le vrai rôle joué par les uns et les autres apparaisse en pleine lumière! Que l’Iran, qui joue déjà en réalité un rôle déterminant dans la région, ne puisse plus s’abriter derrière les prétextes et les faux-fuyants, qu’il sorte de derrière les rideaux!

Si l’administration de Barack Obama apparaît exemplaire, dans ce coup de force engagé contre les engrenages hérités du passé, elle n’en reste pas moins complice du cataclysme actuel. En plaçant toute la mise sur l’accord à conclure avec l’Iran, elle a laissé pourrir la situation en Syrie, s’est trop longtemps accommodée d’un allié saoudien borné et convulsif, a refusé de prendre pleinement ses responsabilités en Irak. Aujourd’hui, pour remettre de l’ordre dans cette confusion, les Etats-Unis ont besoin à leurs côtés d’un Iran fort et responsable. C’est un basculement du monde. C’est le seul qui puisse, peut-être, mettre fin au désastre.

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