Human Rights in China: One Photo Calls to Mind Another

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Droits de l’homme en Chine : une photo peut en appeler une autre

L’image est choquante : 109 Ouïgours chinois arrêtés en Thaïlande après avoir fui la Chine, ont été livrés aux autorités de Pékin, et rapatriés par vol spécial, le visage recouvert par un sac de tissu noir, encadrés par deux membres des forces spéciales.

Ça s’est passé ce week-end en Chine, et la télévision d’Etat chinoise CCTV a montré les images de ce rapatriement aux conséquences funestes, sans doute pour impressionner les Ouïgours de l’ouest de la Chine, où le ressentiment est fort vis-à-vis du pouvoir central, qui seraient tentés de fuir pour quelque raison que ce soit, économique ou politique.

Les critiques ont fusé, d’abord contre le gouvernement thaïlandais qui a cédé aux demandes chinoises de rapatrier ces hommes, dont certains sont ouvertement accusés d’avoir voulu rejoindre les organisations séparatistes ouïgours en exil, considérées par Pékin comme « terroristes ». Et elles ont fusé contre la Chine pour la mise en scène de ce retour forcé.

Et puis un tweet est apparu, diffusé par Bill Bishop, un Américain longtemps basé en Chine où il produisait une lettre d’information réputée, Sinocism.

Bill Bishop a exhumé une photo prise dans un avion de transport militaire américain, au centre de laquelle trône le drapeau américain, au-dessus de prisonniers, le visage recouvert par un sac de tissu noir comme les Ouïgours du rapatriement chinois. Les détenus sont assis et ligotés, sous le regard de soldats assis sur les côtés.

Sarcastique, Bishop commente la photo :

« Il ne s’agit pas des Ouïgours rapatriés de Thaïlande. Pensez-vous que ça a pu donner des idées à la Chine ? »

La coïncidence de ces deux photos si semblables, sinon que celle des Chinois est plus « confortable », dans un avion de ligne, permet de réaliser à quel point une image peut être trompeuse et générer des émotions tronquées.

Certes, le sort des Ouïgours rapatriés de force en Chine s’annonce terrible, avec sans doute la mort au bout du chemin pour certains d’entre eux ; mais la méthode n’a rien à envier à celle des Américains lorsqu’ils envoyaient leurs prisonniers à Guatanamo, en dehors du processus légal de l’Etat de droit ; un camp de détention dont on se souviendra au passage qu’il est toujours ouvert, malgré la promesse électorale, et les efforts initiaux, de Barack Obama.

Magie, parfois (pas toujours…), des réseaux sociaux, qui permettent de compléter, nuancer, complexifier, une première information.

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