Redesigning the Urban Landscape

Published in Le Devoir
(Canada) on 12 August 2015
by Guy Taillefer (link to originallink to original)
Translated from by Kristin Dale. Edited by Helaine Schweitzer.
With the first anniversary of the riots in Ferguson turning to violence and a state of emergency, the social issues continue to revolve primarily around questions of police reform. But this ignores the fact that racial segregation is concretely engrained in the way American cities are developed.

A ruling handed down by the U.S. Supreme Court last June reminded state and municipal governments that the law of 1968 regarding access to housing (Fair Housing Act) prohibited them from using federal funds in ways that may perpetuate racial segregation. The reminder was necessary due to violations by a large number of governments over several decades. “Instead of building subsidized housing in racially integrated areas that offer minority citizens access to jobs and good schools,” The New York Times simplified, “local governments have often deepened racial isolation by placing such housing in existing ghettos.”

This can be taken in all sorts of ways. The case heard by the Supreme Court concerned the use of a federal tax credit by Texas, a state otherwise known for its efforts to limit the voting rights of black constituents. There is evidence that the state perpetuated segregation by granting a disproportionate portion of tax allowances to property development projects in poor neighborhoods that are primarily black. The same thing is happening in Minneapolis-St. Paul, Minnesota: Developers have concentrated the construction of social housing in poor neighborhoods in the name of “economic development,” which in reality has only exacerbated the concentration of poverty as well as intensified the phenomenon of segregation against which the federal law is meant to fight.

The riots in Ferguson in the suburbs of St. Louis and the series of police brutality cases that occurred over the past year have identified a serious and institutionalized problem that has always been swept under the rug: the discriminatory practices implemented by the courts and police forces regarding African-Americans. The events in Ferguson over the past days show that the challenge remains massive, despite a certain rise in collective conscience.

However, it’s often forgotten that discrimination is engrained in the history of the development of American cities and that the fight against racism must involve more equitable sharing and access to the urban landscape and its resources. It’s a chore – in this context, re-sewing the social fabric of entire cities – which, evidently, the United States is not alone in facing.

Another meaningful case is that of Tompkinsville, on Staten Island, New York. It was on a sidewalk in Tompkinsville where Eric Garner, a 44-year-old black man, died at the hands of a police officer in July 2014.

During the 1960s, a highway was built on the island as part of a major “urban revival” project. This highway, separating Staten Island into north and south, would not simply be a physical barrier, but for a long time it would also exacerbate the racial differences and economic inequalities between the poor north, inhabited by blacks, and the more well-off, white south.

The anger of the black community is now exploding in riots and in violent acts that the media and authorities love to reduce, furthermore, to being confrontations between thugs and police officers. There are, however, continuing similarities with the civil rights movement of the 1950s and 1960s. This anger has the same roots, fundamentally caused by the need for the black minority to have free access to public space – the freedom to vote, to obtain a quality education, to drive around in a car without risking being intercepted at any moment by a patrol car for nothing at all…

It so happens that American society has, in its entirety, entered a process of demographic metamorphosis. The mindset of Americans is in the process of changing for the better, and the black community has yet to finish rallying.


Redessiner l’espace urbain
Le premier anniversaire des événements survenus à Ferguson tournant à la violence et à l’état d’urgence, le débat de société continue de tourner principalement autour des questions de réforme policière. Mais c’est oublier que la ségrégation raciale est inscrite dans la façon très concrète dont les villes américaines se sont développées.

Un jugement de la Cour suprême des États-Unis est venu rappeler en juin dernier aux gouvernements des États et des municipalités que la loi de 1968 sur l’accès au logement (Fair Housing Act) leur interdit d’utiliser l’argent fédéral à des fins qui se trouvent à perpétuer la ségrégation raciale. Il y avait lieu de le leur rappeler, puisqu’il s’agit d’un détournement de mission auquel se livre un grand nombre d’entre eux depuis des décennies. « Plutôt que de construire des logements subventionnés dans des quartiers multiraciaux offrant un meilleur accès à l’emploi et à des écoles de bonne qualité, résume le New York Times, les gouvernements ont souvent creusé l’isolement racial en bâtissant ces logements dans des ghettos qui existaient déjà. »
On s’y prend de toutes sortes de façons. La cause entendue par la Cour suprême concernait l’utilisation d’un crédit d’impôt fédéral par le Texas, un État par ailleurs notoirement connu pour les efforts qu’il fait pour restreindre le droit de vote des électeurs noirs. La preuve a été faite que l’État perpétuait la ségrégation en octroyant une part disproportionnée d’allégements fiscaux à des projets immobiliers dans des quartiers pauvres majoritairement noirs. La même chose s’est produite à Minneapolis-Saint Paul, au Minnesota : les promoteurs ont concentré la construction de logements sociaux dans des quartiers pauvres au nom du « développement économique », ce qui n’a fait en réalité qu’aggraver la concentration de la pauvreté et approfondir le phénomène de ségrégation contre lequel la loi fédérale est censée lutter.
Les émeutes de Ferguson, en banlieue de Saint Louis, et la série d’affaires de brutalité policière qui se sont produites depuis un an ont mis le doigt sur le problème grave et institutionnalisé — mais depuis toujours balayé sous le tapis — que constituent les pratiques discriminatoires appliquées par les tribunaux et les services policiers à l’égard des Afro-Américains. Ce qui s’est passé ces tout derniers jours à Ferguson montre que le défi demeure énorme, en dépit d’une certaine prise de conscience collective.

On en oublie cependant que la discrimination est inscrite dans l’histoire du développement des villes américaines et que la lutte contre le racisme passe nécessairement par un partage et un accès plus équitable à l’espace urbain et à ses ressources. C’est une tâche — recoudre dans cette perspective le tissu social des villes — à laquelle les États-Unis ne sont pas les seuls à faire face, évidemment.

Un autre cas parlant est celui de Tompkinsville, sur Staten Island, à New York. C’est sur un trottoir de Tompkinsville qu’Eric Garner, un Noir âgé de 44 ans, est mort aux mains d’un policier en juillet 2014.

Dans les années 1960 fut construite une autoroute sur l’île dans le cadre de grands travaux de « renouveau urbain ». Cette autoroute, séparant le nord du sud de Staten Island, n’allait pas constituer qu’une barrière physique. Elle allait exacerber durablement les différences raciales et les inégalités économiques entre le nord pauvre habité par les Noirs et le sud blanc plus aisé.
La colère de la communauté noire explose aujourd’hui en émeutes et en violences que les médias et les autorités aiment bien réduire, du reste, à des affrontements entre voyous et policiers. Il y a pourtant continuité avec le mouvement des droits civiques des années 1950 et 1960. La colère a les mêmes racines, s’agissant fondamentalement pour la minorité noire d’avoir librement accès à l’espace public — liberté de voter, d’obtenir une éducation de qualité, de circuler dans sa voiture sans risquer à tout moment d’être intercepté par une autopatrouille pour des vétilles…

Il se trouve que la société américaine est entrée, dans son ensemble, dans un processus de métamorphose démographique. Si bien que la carte mentale des Américains est en train de changer, en mieux. Et que la communauté noire n’a pas fini de se mobiliser.
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