Hillary Clinton’s Problems Inspire Joe Biden

<--

La controverse des e-mails est en train de saper la campagne de la démocrate. Le vice-président songe à une possible candidature à la Maison-Blanche

La candidate inévitable dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine de novembre 2016 est-elle sur le point de devenir indésirable? Dans le camp démocrate, l’affaire des courriels dans laquelle Hillary Clinton est empêtrée suscite des bouffées d’angoisse. L’ex-secrétaire d’Etat, qui dirigea la diplomatie américaine de 2009 à 2013, vient de connaître la pire semaine de sa campagne électorale. A Las Vegas, face aux questions incisives des médias au sujet de sa boîte e-mail privée utilisée quand elle était en fonction, elle est apparue dépassée par les événements. Archi-favorite, elle est pourtant sanctionnée par des sondages qui révèlent qu’elle n’a pas la confiance d’une majorité d’Américains. L’alerte est telle que certaines figures démocrates ont songé ou songent à faire acte de candidature.

Si le nom de l’ex-président Al Gore a brièvement été mentionné, celui de Joe Biden est pris plus au sérieux. Contre toute attente, l’actuel vice-président de Barack Obama a rencontré samedi, dans sa résidence de Washington, la sénatrice Elizabeth Warren, la cheffe de file de l’aile gauche du Parti démocrate. Lors d’un déjeuner qui a duré une heure, ils ont parlé de la présidentielle. Les commentateurs américains y ont vu une claire indication que Joe Biden serait prêt, si nécessaire, à se porter candidat en tentant d’obtenir le soutien crucial de la sénatrice du Massachusetts.

Ces manœuvres opérées en coulisses sont à la hauteur des inquiétudes des démocrates. Car la controverse des courriels d’Hillary Clinton s’intensifie. La semaine dernière, le juge fédéral Emmet Sullivan a déclaré que la secrétaire d’Etat ne s’était pas conformée aux directives de l’administration en matière d’utilisation d’une boîte e-mail privée. Le FBI est en train d’analyser le serveur privé d’Hillary Clinton après que la démocrate a livré au Département d’Etat plus de 30 000 courriels et qu’elle en a effacé autant, estimant qu’ils étaient de nature privée. Mais outre-Atlantique, on se demande en vertu de quel privilège l’ex-secrétaire d’Etat serait à même de juger par elle-même de ce qui relève de l’intérêt public ou non.

Une soixantaine d’e-mails examinés par l’inspecteur général du renseignement Charles McCullough contiendraient des informations classifiées qui n’auraient jamais dû être transmises sur un serveur privé. Selon ce dernier, deux e-mails identifiés dans la messagerie d’Hillary Clinton étaient «top secret». L’ex-secrétaire d’Etat se défend en précisant que bon nombre de messages ne sont classifiés qu’a posteriori. Mais en tant que diplomate en chef, dit-on, elle aurait dû savoir que telle ou telle information allait nécessiter un jour, même a posteriori, une classification. Un argument plaide néanmoins en faveur de la candidate démocrate. Washington a tendance à tout classifier, même des informations qui sont connues du public. Il serait dès lors inapproprié, estime son équipe de campagne, de prétendre qu’elle aurait sciemment violé les règles de l’administration.

La manière dont Hillary Clinton a géré ses courriels pose néanmoins de vraies questions éthiques et de transparence. Le fait qu’elle travaillait exclusivement avec un serveur privé la protégeait de toute demande faite par des médias en vertu de la loi sur la liberté de l’information ou par le Congrès. Le camp Clinton refuse cette thèse, relevant que les e-mails envoyés ou reçus par Hillary Clinton passaient forcément par la messagerie de l’administration. Or tel n’est pas le cas. A titre d’exemple, sa proche collaboratrice Huma Abedin disposait aussi d’une adresse liée au serveur privé d’Hillary Clinton et c’est sans doute par ce biais qu’elles communiquaient.

La vox populi émet un signal clair. Le fait que des règles différentes s’appliqueraient aux Clinton passe mal. L’ex-secrétaire d’Etat n’a peut-être pas violé la lettre des règles appliquées en matière de messagerie, mais elle en a violé l’esprit. A l’heure où les élus à Washington sont la cible d’une résurgence populiste, nombreux sont ceux qui critiquent vertement l’attitude d’Hillary Clinton.

Pour Hillary Clinton, considérée parmi les démocrates comme la plus qualifiée pour la fonction de président des Etats-Unis en raison de son expérience en tant que First Lady, sénatrice et enfin secrétaire d’Etat, l’affaire des courriels a le potentiel d’une bombe à retardement. Elle est d’autant plus mal venue que la candidate a récemment renoncé à ses habituels petits calculs politiques et a pris des risques. Elle a tenu des discours aussi substantiels que sensés en matière de politique tant intérieure qu’extérieure.

Joe Biden serait-il une alternative crédible? Aussi populaire et aimé soit-il, surtout après la perte tragique de son fils Beau au début de l’été, le vice-président reste un plan B et ses chances de gagner une présidentielle sont jugées faibles, d’autant que l’espace entre le «socialiste» Bernie Sanders et l’ex-secrétaire d’Etat est très restreint. Hillary Clinton n’est cependant pas prête à jeter l’éponge. Tenace, elle dispose encore au sein du parti de soutiens solides et d’une machine de campagne redoutable. Si cependant l’affaire des e-mails devait dégénérer, Elizabeth Warren, la populaire égérie de la gauche, serait-elle prête à sortir de sa réserve pour «sauver» le parti?

About this publication