Trump met les républicains dans l’embarras
Les sorties virulentes de Donald Trump poussent les candidats républicains à se radicaliser. Au grand dam des responsables du parti.
Longtemps, les républicains sont apparus divisés face à la machine de guerre mise en place par Hillary Clinton côté démocrate. Désormais, c’est un ennemi intérieur qui les rassemble. Car l’ascension de Donald Trump, que personne ne prenait au sérieux au départ, est en train de rebattre les cartes au sein du Grand Old Party.
Bête de scène, incontrôlable
Bête de scène, incontrôlable, Donald Trump est parvenu en quelques semaines à orienter le débat côté républicain autour de sa personne. Sa présence continue dans les médias contraint les 16 autres prétendants, y compris les favoris comme Jeb Bush et Scott Walker, à prendre position par rapport à lui, en particulier sur l’immigration. Pas un jour ne passe sans que celui qu’on surnomme « The Donald » fasse une nouvelle proposition contre les clandestins – il a récemment proposé de tous les expulser et s’est attaqué au droit du sol, un principe constitutionnel en vertu duquel les enfants d’immigrés illégaux nés aux Etats-Unis reçoivent la nationalité américaine.
Mais ses sorties provocatrices suscitent de plus en plus l’embarras au sein du parti, à la fois par leur virulence (les républicains ont besoin du soutien de la communauté latinos qui leur a manqué en 2012), et parce qu’elles poussent les autres candidats à se radicaliser.
Polarisation
L’ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush, qui avait soigneusement évité jusqu’ici la confrontation directe avec Donald Trump pour ne pas abîmer une image de présidentiable, a fini par descendre dans l’arène. Marié à une Mexicaine et plutôt modéré sur l’immigration, il a surpris tout le monde la semaine dernière en parlant des « bébés ancres », pour qualifier les enfants d’illégaux nés sur le territoire américain. « Vous avez une meilleure expression ? Dites le moi et je l’utiliserai », s’est-il emporté face à des journalistes qui l’interrogeaient sur son langage jugé péjoratif.
Les autres candidats ont tout autant de mal à résister. L’autre favori, le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, a lui aussi dû expliquer que ses propositions sur l’immigration étaient « très proches » de celle de Donald Trump, tout en rejetant la comparaison. De tous les candidats républicains, c’est lui qui semble le plus affecté par l’ascension de Donald Trump – la part des électeurs républicains qui lui sont hostiles a plus que doublé depuis le mois de mai, selon un sondage Vox Populi.
Le jeu est dangereux, car ceux qui ont tenté d’affronter directement le candidat s’y sont brûlé les doigts. Le sénateur du Kentucky, Rand Paul, qui l’a invectivé à plusieurs reprises lors d’un débat télévisé début août, a depuis dégringolé dans les sondages. Quant à l’ancien gouverneur du Texas, Rick Perry, qui l’a qualifié de « cancer du conservatisme », il a renoncé à se porter candidat.
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