Migrants : et Obama dans tout ça ?
La passivité des États-Unis est stupéfiante dans une des crises humanitaires les plus graves que le monde ait connues depuis la Seconde Guerre mondiale.
« Mes chers compatriotes américains, nous sommes et serons toujours une nation d’immigrants. Nous avons tous été des étrangers. » C’était le 21 novembre 2011 à la Maison-Blanche et dans un discours solennel, Barack Obama exhortait ses compatriotes à accepter l’arrivée sur le sol américain d’immigrants venus du Mexique. On peut comprendre que la proximité de ce courant d’immigration aux frontières immédiates des États-Unis en ait fait un problème prioritaire pour le président américain. Mais on ne peut retenir l’excuse de l’éloignement pour exonérer Obama de ses responsabilités dans la situation créée par la marée de réfugiés qui déferlent depuis l’été sur l’Europe en provenance de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.
Car dans tous les cas, la responsabilité des États-Unis dans les situations de guerre qui sont à l’origine des immenses flux migratoires que nous connaissons est directement ou indirectement (dans le cas de la Syrie) engagée. Et l’Europe ne peut se contenter, de la part d’un pays qui est encore censé exercer un rôle prééminent dans le monde occidental, des bonnes paroles adressées par Obama à la chancelière Angela Merkel le 26 août quand il lui disait « avoir apprécié son leadership dans la crise des migrants ».
C’est un peu court, comme est ridiculement chiche le nombre de réfugiés politiques venus de Syrie acceptés par les États-Unis en quatre ans : 15 000. On rappellera juste pour mémoire que dans l’exode des boat people du Vietnam, entre 1978 et 1980, les États-Unis ont recueilli plus de la moitié des 2 millions de ceux qui ont fui les conséquences d’une guerre dans laquelle les troupes américaines étaient partie prenante. Comme elles l’ont été en Afghanistan et en Irak.
“La mondialisation de l’indifférence”
Cette coupable passivité dans la solidarité internationale indispensable commence à émouvoir certains Américains. Ils sont naturellement moins nombreux dans les rangs démocrates où un certain égoïsme non interventionniste a toujours été la marque du parti, que dans le camp républicain, où l’on a déjà l’œil sur l’élection de 2016. Ainsi John Bolton, ancien ambassadeur des États-Unis à l’ONU, a-t-il assez précisément critiqué l’attitude d’Obama, qui, dans tous les conflits actuels « est un président qui dirige de l’arrière ». Autrement dit, sans jamais se mettre en première ligne, autant dire sans se mouiller.
Un thème que la crise des migrants va d’autant plus remettre d’actualité que l’origine de ce mouvement migratoire, c’est évidemment et pour l’essentiel la guerre contre Daesh. Une année après le lancement des premières missions contre l’État islamique, le bilan des 6 500 frappes aériennes est bien maigre. Aux États-Unis (comme en France), l’heure des remises en cause a sonné. Mais, si on attend de François Hollande qu’il étende – enfin – à la Syrie les frappes aériennes contre Daesh, que peut-on espérer d’un président des États-Unis en fin de mandat ? Qu’à défaut d’une intervention au sol contre les djihadistes, qu’il prenne au moins la part qui lui revient, c’est-à-dire importante, à la résolution de la crise de tous ces malheureux qui, fuyant les guerres souvent au risque de leur vie et de celle de leur famille, affluent vers l’Europe. Au moins pour que les États-Unis, terre de liberté et d’accueil, ne continue pas à participer à ce que le pape François appelle « la mondialisation de l’indifférence ».
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