Le pays n’a accueilli que 1.500 réfugiés syriens depuis le début de la guerre. Il met en avant la menace terroriste.
La guerre en Syrie a généré plus de 4 millions de réfugiés. Les Etats-Unis n’en ont recueilli que 1.500, laissant peser le fardeau sur des pays plus petits et moins riches, tels que la Turquie (1,9 million de réfugiés) et le Liban (1,1 million). Le Canada ne fait pas mieux : il n’a recueilli que 1.074 réfugiés syriens depuis le début de la guerre. Cette passivité est longtemps passée inaperçue. Mais ce n’est plus le cas, depuis qu’a été publiée la photo du petit Aylan Kurdi échoué sur une plage turque dont la famille aurait, un temps, cherché à rejoindre le Canada.
Aux Etats-Unis, nombreux sont ceux qui s’insurgent de voir Washington tourner le dos à ce drame humanitaire « La crise des réfugiés n’est pas un problème européen », dénonce Michael Ignatieff, professeur à la Kennedy School de Harvard, qui appelle les Etats-Unis et le Canada à recueillir au moins 25.000 réfugiés. « Puisqu’ils arment des rebelles syriens et bombardent les djihadistes de l’organisation Etat islamique, les Etats-Unis ont une responsabilité dans l’exode des réfugiés », fait-il valoir. Des sénateurs démocrates ont également pris leur plume pour exhorter Barack Obama à prendre en charge la moitié des réfugiés enregistrés par les Nations unies. Le conflit syrien représente « la pire crise humanitaire et la pire crise de réfugiés que le monde ait connues depuis la Seconde Guerre mondiale », font-ils valoir.
Silence de la Maison-Blanche
Les critiques viennent également d’Europe : David Miliband, ancien ministre britannique des Affaires étrangères qui dirige aujourd’hui l’International Rescue Committee, a appelé les Etats-Unis à accueillir au moins 65.000 réfugiés, et à prouver « les qualités de leadership qu’ils ont déjà démontrées dans ce genre de crises ». Mais rien ne semble pouvoir extraire la Maison-Blanche de son silence. Le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, a tenté d’apaiser les tensions, en faisant miroiter la prise en charge de 1.500 réfugiés supplémentaires d’ici à la fin de l’année. Le chiffre pourrait monter à 8.000 l’an prochain, a fait savoir le ministère récemment. L’effort resterait donc très inférieur à celui des pays européens, et notamment de l’Allemagne, qui anticipe quelque 800.000 demandes d’asile pour cette année. Washington met en avant la menace terroriste. Le gouvernement craint que des djihadistes se mêlent aux réfugiés pour entrer en Amérique. « La priorité, c’est la sécurité nationale », a défendu le porte-parole de Barack Obama la semaine dernière.
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