Donald Trump vs. Lawrence Lessig: Cynicism vs. Citizenship

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Donald Trump vs Lawrence Lessig : cynisme vs civisme

Ils sont les deux faces inversées de la campagne des primaires aux Etats-Unis. Deux outsiders lancés dans la course à la Maison-Blanche, loin de Washington et de ses politiciens professionnels. Deux incarnations du rêve américain que tout oppose. Le premier brigue l’investiture républicaine, le second rêve d’une candidature démocrate. D’un côté, le business, la télé-réalité et les gratte-ciel, de l’autre le droit, les réseaux sociaux et les grandes universités. Le cynisme contre le civisme, la démagogie contre la pédagogie, la démesure financière contre la mobilisation citoyenne.

Rendre sa grandeur à la bannière étoilée

Le premier, Donald Trump, n’a pas fini d’affoler les sondages et les commentateurs. Le magnat de l’immobilier promet aux républicains de rendre sa grandeur à la bannière étoilée. Raciste, populiste, machiste, il est le candidat des frustrations d’une Amérique blanche, conservatrice et antisystème.

Il rallie tous ceux qui veulent bouter hors de la capitale une classe politique qui leur paraît vivre en vase clos. Trump en joue et en surjoue. Son programme tient en trois mots : immigration, immigration, immigration… Il propose de construire un mur entre le Mexique et les Etats-Unis – aux frais des Mexicains, s’il vous plaît… –, de renvoyer 11 millions d’immigrés irréguliers chez eux et même d’en finir avec le droit du sol.

Ses provocations l’ont propulsé en tête des sondages. Et, même si tous les analystes continuent de répéter qu’il n’a aucune chance d’être élu, il inquiète jusque dans son propre camp.

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“Réparer la démocratie”

Le second s’appelle Lawrence Lessig. Ce professeur de droit constitutionnel, pionnier du web et spécialiste des questions de propriété intellectuelle, passé par Stanford et Harvard vient tout juste de lever un million de dollars pour sa campagne. Inconnu du grand public, lui aussi veut en finir avec le système. Mais pas sur le même terrain ni avec les mêmes armes.

Son combat porte sur le mode de financement aberrant de la vie politique américaine qui conduit les élus du Congrès à consacrer la majorité de leur temps à lever des fonds – ce qui les rend esclaves des lobbys – plutôt qu’à légiférer pour l’intérêt général. Lessig promet de “réparer la démocratie”. Il s’engage, s’il est élu, à réformer le financement sur des bases transparentes et égalitaires et à démissionner dans la foulée, une fois accomplie son œuvre.

Lui non plus n’a aucune chance de l’emporter. Son nom n’apparaît même pas encore dans les sondages. Mais sa démarche révèle une nouvelle forme d’activisme, une nouvelle façon de faire de la politique en dehors des canaux traditionnels.

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La France est-elle à l’abri d’un Trump ? Y a-t-il une place pour un Lessig en 2017 ? On aurait tort de considérer que ces deux-là ne sont que l’expression d’une spécificité américaine. La crise démocratique, la perte de confiance, l’absence de renouvellement de la classe politique sont des ferments puissants que l’on retrouve ici. Pour le pire, hélas, plus souvent que pour le meilleur, à Paris comme à Washington.

Matthieu Croissandeau

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