Trump and Sanders, American Symbols

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Il faut le reconnaître, les campagnes présidentielles américaines offrent un spectacle beaucoup plus divertissant que les ternes routines politiciennes du Vieux Continent. On y voit surgir des personnages inattendus qui, n’ayant pas eu à conquérir le soutien d’un parti, échappent au contrôle des appareils et peuvent user et abuser de leur liberté de parole. Depuis qu’il s’est déclaré, en juin dernier, candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016, Donald Trump a vu sa cote monter en flèche (plus du tiers d’opinions favorables), écrasant les autres candidats du parti – alors même que la presse relate avec délectation ses incohérences et ses outrances. La liberté de porter des armes ? A quelques semaines d’intervalle, il s’y est dit hostile, puis favorable. Mêmes contradictions à propos de l’avortement ou du système de santé. Mais ses thèmes favoris sont l’immigration (il faut, dit-il, jeter dehors quelque 11 millions de migrants) et le « pillage » dont les Etats-Unis sont victimes de la part de leurs partenaires commerciaux – la Chine principalement…

Bien sûr, les primaires sont loin d’être jouées. Mais la popularité de Trump, même si elle ne devait pas durer, est significative. Elle tient sans doute à ses prises de position populistes, mais elle révèle aussi un besoin de défoulement – l’expression, par contraste, d’une hostilité tenace à l’égard de la classe politique, dont ce candidat atypique se démarque radicalement. Elle doit beaucoup, enfin, à la réussite financière d’un homme qui fait de son énorme fortune un argument électoral et représente, à sa manière, une facette du « rêve américain ».

A l’autre extrémité du spectre politique, une autre percée révélatrice dans le camp démocrate : celle du « socialiste » Bernie Sanders, sénateur du Vermont, qui grignote l’avance d’Hillary Clinton. Son programme ? Une forte hausse du salaire minimum, une couverture santé généralisée, la gratuité des études supérieures… Un succès dont l’explication est, cette fois, parfaitement rationnelle : c’est l’accroissement des inégalités, le freinage de la mobilité sociale, la stagnation des revenus de la grande majorité de la population. Trump, Sanders, deux aspects contrastés et complémentaires de l’Amérique d’aujourd’hui.

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